A Paris, le premier restaurant garanti 100 % antimafia

Dimanche 27 novembre 2022

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A Paris, le premier restaurant garanti 100 % antimafia

Ouvert début novembre, l’établissement La Poesia cuisine des produits fournis par l’association italienne Libera Terra, qui cultive les terres agricoles confisquées au crime organisé. Une initiative inédite en France.

Par Simon Piel Publié hier à 21h30, mis à jour à 05h54

A Paris, la lutte contre la Mafia a désormais ceci de bon qu’elle peut aller de pair avec la dégustation d’une focaccia maison agrémentée d’une huile d’olive des Pouilles, de carciofi alla giudia (artichaut à la juive) ou encore d’un délicieux plat de pâtes fraîches (fabriquées le jour même par le chef) alla Nerano (­courgette, ail, parmesan, basilic). C’est la promesse tenue par le restaurant La Poesia, situé au 3, rue de la Fidélité, dans le 10e arrondissement de Paris.

Née d’une ­histoire familiale qui a jeté des passerelles entre la France et l’Italie, l’enseigne, ouverte depuis le 2 novembre, a noué un partenariat sans précédent dans l’Hexagone avec l’association italienne Libera Terra, qui exploite les terrains agricoles confisqués à la Mafia.

Emanation de l’ONG Libera, créée en 1995 par le prêtre don Luigi Ciotti, figure de la lutte contre la criminalité organisée et à l’origine, en 1996, du référendum d’initiative populaire ayant abouti à la loi sur l’affectation sociale des biens confisqués, celle-ci fédère le travail des coopératives agricoles implantées sur ces terres. Chacune d’entre elles est choisie pour son respect de règles sociales et écologiques. « Nous avons observé en Italie le travail courageux et déterminé de l’association Libera face à la Mafia. C’est pourquoi nous avons décidé modestement de soutenir leur action », explique Christophe, 35 ans, aux manettes de l’affaire familiale.

La carte des vins est à l’avenant. Chaque bouteille rend sur l’étiquette hommage à l’une des nombreuses victimes de la Mafia

Le menu est donc composé de produits bio fournis pour partie par l’organisation et harmonieusement mis en valeur par le chef Giuseppe Fiore, 46 ans, originaire du sud de l’Italie. La carte des vins est à l’avenant. Chaque bouteille rend sur l’étiquette hommage à l’une des nombreuses victimes de la Mafia.

Ainsi de ce Primitivo Salento de 2021, dédié à Antonio Montinaro, jeune policier des Pouilles, chef d’escorte du juge Giovanni Falcone, tué à 29 ans, le 23 mai 1992, lors de l’attentat de Capaci, commune de la province de Palerme, en Sicile. Ce jour-là, le magistrat antimafia, son épouse et ses trois gardes du corps avaient perdu la vie dans l’explosion d’une bombe placée sous l’autoroute par Cosa Nostra, la Mafia sicilienne, dirigée alors par le sanguinaire Totò Riina. Ou encore de ce Salento Negroamaro de 2020, qui rappelle l’histoire de Renata Fonte, femme politique italienne assassinée le 31 mars 1984, en ­raison de son combat contre la spéculation immobilière à l’œuvre dans la commune de Lecce et ses alentours. Lire la suite.

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