À ceux qui croient ne rien pouvoir faire

Jeudi 3 septembre 2015

À ceux qui croient ne rien pouvoir faire

Par Olivier Ravanello | Le Monde selon Ravanello

Ils étaient 11, et lui avait 2 ans. Mais il parait qu’on ne peut rien y faire. Il leur restait 7 kilomètres à faire. Quelques heures à pieds en prenant le temps de s’arrêter à cause des enfants. Mais il y avait la mer. Oh rien, un bras de mer. « Regardez, on voit la cote là-bas ». Devant eux la Grèce, l’Europe. Derrière eux la Turquie, pas encore l’Europe et Bodrum, jolie cité balnéaire ou la gentrie d’Istanbul vient faire du bateau en tenue blanche immaculée.

[…] Ils étaient 11 et lui du haut de ses 2 ans n’avait jamais connu autre chose que la guerre. Avait-il peur en montant sur la petite embarcation ? Prenait-il cela pour un jeu ? Riait-il ou était-il endormi dans les bras de sa mère ? Ils se sont repartis les coquilles de noix laissées par ce passeur de mort. Cinq sur l’une. Six sur l’autre. Lui et ses chaussures bleues étaient parmi les six quand le bateau a commencé à couler. Il était seul quand il s’est noyé. Seul quand il mort. Sur la plage il semblait endormi. Comme nous. Mais lui ne se réveillera pas. Lire la suite.

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