À la poursuite de l’argent sale

Mardi 19 septembre 2017 — Dernier ajout mardi 3 octobre 2017

Épisode n°1 de l’obsession À la poursuite de l’argent sale

Juges de pèze

« Les Jours » suivent ceux qui, des « Panama papers » à l’affaire Fillon, luttent contre la corruption et la fraude fiscale.

18 septembre 2017

Texte Camille Polloni Photo Alain Guilhot/Divergence-Images

Éliane Houlette est venue armée sur l’île de la Cité. Armée de chiffres, d’exemples, d’objectifs à atteindre. Nous sommes le 23 janvier 2017, jour de l’audience solennelle de rentrée au tribunal de grande instance de Paris. La procureure, vêtue de la robe rouge et noire, prend la parole devant le garde des Sceaux d’alors, Jean-Jacques Urvoas, et un parterre de magistrats. Elle se félicite des résultats obtenus en à peine trois ans d’existence par le Parquet national financier (PNF) qu’elle dirige, voué à combattre la délinquance en col blanc et la corruption. Peines de prison ferme, confiscation de biens, inéligibilité, « ces sanctions sont la juste mesure de la transgression du pacte social  » martèle celle qui est parfois surnommée « super-procureure » par opposition au procureur « normal », François Molins. « Le Parquet national financier poursuivra dans cette voie », promet la magistrate.

Éliane Houlette dirige le Parquet national financier, composé de quinze magistrats accompagnés de leurs greffiers, de quatre assistants spécialisés et de dix fonctionnaires

Éliane Houlette ne le sait pas encore, mais deux jours plus tard, Le Canard enchaîné va dégoupiller son premier article sur l’affaire Fillon et l’obliger, en pleine campagne, à ouvrir une enquête préliminaire puis une information judiciaire sur un candidat à la présidentielle. En retour, François Fillon et ses avocats s’attaquent frontalement au PNF, comme les hommes politiques inquiétés le faisaient autrefois avec les juges d’instruction qui leur cherchaient des noises – Eva Joly, Philippe Courroye ou Renaud Van Ruymbeke. Depuis, des juges d’instruction ont récupéré l’enquête et cherchent à savoir si, pour reprendre la formule d’Éliane Houlette, l’ancien Premier ministre a transgressé le pacte social. En quête d’une probité peut-être illusoire, les magistrats se heurtent à l’idée bien française que les affaires financières, impliquant des responsables politiques ou des entreprises de premier plan, seraient un mal nécessaire. C’est ici que Les Jours vont s’installer ces prochains mois, au cœur de la justice financière et de la lutte anticorruption. Lire la suite.

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