Amitiés kazakhes

Dimanche 24 février 2013

Amitiés kazakhes

LE MONDE | 11.02.2013 à 14h23 Par Agathe Duparc - Genève, correspondance

C’était une journée comme les autres pour Madina Abliazov-Khrapunov. Ce 20 février 2012, la belle-fille de l’ancien maire d’Almaty au Kazakhstan Viktor Khrapunov et fille du banquier milliardaire Mukhtar Abliazov, tous deux en exil, monte dans son Range Rover pour faire des emplettes à Genève. En quittant son garage, elle aperçoit une jeune femme aux longs cheveux roux prenant des photos. Le lendemain, son chauffeur découvre un traceur GPS fixé dans le coffre. La filature, peu discrète, se poursuivra pendant une semaine.

Les bords du lac Léman sont le théâtre d’une féroce lutte entre deux clans ennemis kazakhs. Filatures, piratage de messageries électroniques et procédures judiciaires, tous les coups sont permis. Et ces scènes dignes d’un roman d’espionnage sont consignées dans une plainte pénale « contre inconnu », en cours d’instruction au parquet genevois. L’affaire conduit de Genève à Almaty, en passant par Londres. Elle mêle de puissants intérêts liés aux secteurs du pétrole et de l’immobilier kazakhs, en passant par des banques suisses. Et deux familles, deux clans, donc.

D’un côté, les Nazarbaïev, au pouvoir au Kazakhstan depuis vingt-deux ans, avec une fortune estimée à plus de 30 milliards de dollars (22,4 milliards d’euros). De l’autre, des anciens fidèles du régime, les Khrapunov, eux aussi riches à milliards. Tombés en disgrâce, ils revendiquent le statut d’« opposants politiques ».

[…] A Genève, personne ne connaît les nouveaux arrivants, qui se montrent très discrets. Dans un premier temps, seuls quelques Colognotes pestent contre « ces Kazakhs » qui font exploser les prix de l’immobilier.

[…] Au printemps 2012, la justice kazakhe a adressé une demande d’entraide judiciaire à la Suisse, ressortant de ses tiroirs de vieux dossiers compromettants sur l’ancien maire. Ce document que s’est procuré Le Monde détaille la manière dont Viktor Khrapunov, alors à la tête d’Almaty, capitale économique du Kazakhstan, aurait permis à sa femme, Leila, d’acquérir à bas prix des biens immobiliers, revendus avec de mirobolantes plus-values. Et comment une partie de ces millions auraient atterri dans des banques suisses.Plus de 70 terrains et bâtiments d’Etat ont été illégalement accaparés par Viktor Khrapunov (…) avec un bénéfice de 250 millions de dollars« , lit-on. »Les faits allégués sont suffisamment précis et documentés pour que l’on se penche sur l’origine de la fortune des Khrapunov", indique le procureur genevois Jean-Bernard Schmid, qui a, dans la foulée, ouvert sa propre enquête pour blanchiment, faisant saisir de la documentation bancaire au Credit suisse et à la banque privée Schroder, alors que d’autres comptes ont été séquestrés. Lire la suite sur le site du journal Le Monde.

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