Andrew Wang, le mystérieux agent de Thomson

Jeudi 30 novembre 2000 — Dernier ajout dimanche 13 mai 2007

Andrew Wang, le mystérieux agent de Thomson

Nouvel Observateur N° 1882 - 30/11/2000

Depuis cet automne, Andrew Wang Chuan-fu, agent de Thomson-CSF, est recherché pour meurtre, alors qu’il ne l’était jusqu’à ces derniers mois que comme témoin.

Réfugié aux Etats-Unis depuis 1994, il aurait rejoint la Grande-Bretagne le mois dernier, craignant que les services d’immigration américains ne l’expulsent vers Taïwan, en raison des nouvelles charges qui pèsent contre lui.

Ancien officier d’aviation, jadis employé par une compagnie aérienne financée et gérée par la CIA, qui servait de couverture a des opérations secrètes américaines en Asie, Andrew Wang s’est ensuite reconverti dans le commerce d’armes.

Ses premières interventions en faveur de Thomson remontent à 1984, lorsque la firme française a proposé ses sonars pour équiper des coques de dragueur de mines achetées en Allemagne. En 1993, sa carte de visite le décrivait comme appar tenant à la filiale de Thomson à Singapour.

Plusieurs raisons ont incité les juges taïwanais a durcir leur mandat. La première est que le capitaine Yin se rendait à un rendez-vous dans un restaurant situé près du domicile d’Andrew Wang lorsqu’il a été enlevé par quatre hommes, qui l’auraient conduit chez lui, où il aurait été assassiné.

Les enquêteurs pensent qu’il n’y pas eu préméditation, mais que l’entretien entre Yin et ses tueurs, en présence d’Andrew Wang, aurait mal tourné.

Les enquêteurs ont d’autre part rendu publique la liste des coups de téléphone passés dans les heures qui ont suivi la mort de Yin par Kuo, son subordonné, qui l’avait attiré dans le guet-apens.

Parmi les 400 appels figure plusieurs fois le numéro d’Andrew Wang. Enfin, Wang a quitté Taïwan quelques jours après la mort du capitaine, dans le même vol pour Hongkong que Jean-Claude Albessard, le délégué officiel de Thomson pour la région. Ils ont laissé toutes leurs affaires sur place. « Ils ont été avertis par des Taïwanais qui ont voulu leur sauver la mise », confie l’un des participants au contrat Bravo.

En épluchant ses comptes bancaires (ce qui n’avait jamais été fait auparavant), la nouvelle commission d’enquête a découvert qu’Andrew Wang a bénéficié d’importants transferts de fonds en provenance d’une banque parisienne. Ils ont trouvé deux comptes BNP, l’un en dollars et l’autre en francs, à travers lesquels Andrew Wang arrosait les destinataires locaux, dont 700 ont déjà été découverts.

Plus surprenant : le trafic continue, à travers l’une des sociétés d’Andrew Wang, enregistrée à Hongkong mais qui emploie trois personnes à Taipei.

Celle-ci est toujours chargée de « contrats de maintenance électronique » dans le cadre de la vente des frégates à Taïwan.

A. R. et B. B.

© Le Nouvel Observateur 2003/2004

Publié avec l’aimable autorisation du Nouvel Observateur.

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