Argentine : un tortionnaire présumé de la dictature, extradé de France, jugé 46 ans après

Jeudi 15 septembre 2022

Argentine : un tortionnaire présumé de la dictature, extradé de France, jugé 46 ans après

Agence France-Presse

14 septembre 2022 à 17h42

L’ancien policier argentin Mario Sandoval, soupçonné d’avoir participé à des centaines d’enlèvements, tortures et disparitions sous la dictature (1976-83), est jugé depuis mercredi pour un de ces cas, 46 ans après, au terme d’un long exil en France.

Après huit ans de bataille judiciaire, des recours devant le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel notamment, Mario Sandoval, 69 ans, avait finalement été extradé de France en décembre 2019, placé depuis en détention préventive en Argentine.

Ancien inspecteur de police à Buenos Aires, il est soupçonné d’avoir participé à de multiples séquestrations, tortures et disparitions pendant la dictature. Il a été reconnu par des survivants de « l’ESMA », l’Ecole de mécanique de la Marine, dont une aile devint alors le centre de détention et de torture le plus notoire, par où passèrent quelques 5.000 disparus.

Mario Sandoval comparait pour un seul dossier : celui d’Hernan Abriata, étudiant en architecture et militant péroniste de 24 ans, enlevé en octobre 1976, et disparu depuis. La justice argentine dispose d’une dizaine de dépositions.

« C’est une très longue quête de justice, 46 ans… » a déclaré à l’AFP l’avocate des plaignants, Me Sol Hourcade. « La famille a identifié les responsables de l’enlèvement. Nous attendons une condamnation, même s’il n’y a pas de perpétuité pour les crimes reprochés », à savoir séquestration et tortures aggravées par un motif politique. « Il devrait écoper de 25 ans de prison ».

Exilé en France en 1985, après la chute de la junte, Mario Sandoval s’y était bâti une nouvelle vie, devenu consultant sur les questions de défense et de sécurité. Il avait enseigné à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL), à Paris.

Il avait obtenu la nationalité française en 1997, mais cela n’empêchait pas son extradition, n’étant pas Français à l’époque des faits.

Au procès, qui se tient partiellement en mode virtuel, Mario Sandoval, arrivé menotté le visage à demi-couvert par un masque, ne s’est pas exprimé pendant la première heure, consacrée à la lecture de l’acte d’accusation puis à l’examen d’une demande de nullité partielle pour les tortures.

M. Sandoval a jusqu’ici toujours nié les faits reprochés et avait saisi le Conseil d’Etat pour empêcher l’exécution du décret d’extradition, invoquant une prescription au regard du droit français. Mais la plus haute juridiction administrative française avait estimé qu’en matière de séquestration la prescription ne court qu’à la découverte du corps, or celui d’Hernan Abriata n’a jamais été retrouvé.

Agence France-Presse

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