Biens mal acquis : le fils du président équato-guinéen ouvre le bal des procès

Jeudi 8 septembre 2016

Biens mal acquis : le fils du président équato-guinéen ouvre le bal des procès

Teodorin Obiang, 47 ans, est le premier à être jugé dans l’affaire des biens mal acquis dont la justice suisse a longtemps freiné les enquêtes.

Par notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 08/09/2016 à 16:35 | Le Point Afrique

Teodorin Obiang est sans doute le moins connu de la grande saga dite « des biens mal acquis ». Celle-ci remonte à décembre 2008 lorsque l’association Transparency International France porte plainte pour « détournements de fonds publics, abus de biens sociaux, abus de confiance, blanchiment, recel » à l’encontre de feu Omar Bongo, du Gabon, de Denis Sassou-Nguesso, du Congo, de François Bozizé, ancien président de Centrafrique, et du président en exercice de la République de Guinée équatoriale et de son fils Teodorin Obiang Nguema. Ce dernier est le premier à être renvoyé en procès devant le tribunal correctionnel de Paris. « Le procès pourrait se tenir dans le courant de 2017 », assure William Bourdon, l’avocat de Transparency International France, interrogé par Le Point Afrique, déplorant à l’occasion « la lenteur des autorités judiciaires suisses sur ce dossier ».

Un hôtel particulier de 101 pièces

Les charges à l’encontre de Teodorin Obiang sont particulièrement lourdes : le fils du président est poursuivi pour détournement de fonds publics, pour corruption, abus de confiance, blanchiment et abus de biens sociaux ! Alors que plus de la moitié des 750 000 habitants de cette ancienne colonie espagnole vivent sous le seuil de pauvreté, Teodorin Obiang ne se prive apparemment de rien. Bien que son salaire officiel ne soit que de 80 000 dollars par an, il a acquis en France pour vingt millions d’euros d’œuvres d’art, pour huit millions de voitures de luxe. Sans oublier un hôtel particulier au 42, avenue Foch à Paris, de 101 pièces, sur une superficie de plus de 4 000 m2. Pour aménager ce petit nid douillet, il a fallu réunir cinq appartements sur cinq niveaux. Les seuls travaux d’aménagement sont revenus à près de vingt millions d’euros. Les heureux propriétaires des lieux ? Cinq sociétés-écrans suisses.

[…] Le problème, c’est qu’en Suisse, le Ministère public de la Confédération (MPC) a mis trois ans avant de donner suite à une commission rogatoire française qui enquêtait sur les détournements d’argent public en Guinée équatoriale. L’ONG helvétique la Déclaration de Berne, rebaptisée dernièrement Public Eye, s’étonne que la justice suisse n’ait pas « jugé opportun d’ouvrir sa propre instruction sur les fonds qui ont transité par cinq sociétés basées à Fribourg », ou à l’encontre « des intermédiaires ayant mis sur pied les structures permettant le détournement de ces sommes ». Lire la suite.

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