Bouvier à la relance, le Freeport à l’agonie

Vendredi 5 novembre 2021

Six ans après le début des hostilités

Bouvier à la relance, le Freeport à l’agonie

Écrit par Thierry Labro Publié à 06:00 • Édité à 08:29

Mi-septembre, les dernières charges pesant sur Yves Bouvier, le principal artisan du Freeport à Luxembourg, ont été abandonnées par la justice suisse. Six ans après le début de la bataille judiciaire avec le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, son honneur est sauf, mais son nom entaché durablement.

« Il a détruit ma réputation, je détruirai sa fortune. » Six ans après sa phrase choc, en août 2015, dans le cadre de la bataille judiciaire qui l’oppose au milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, Yves Bouvier pourrait désormais réclamer un milliard de dollars de dommages et intérêts à son accusateur et écrire sa propre version de l’histoire, quitte à faire pâlir les meilleurs scénaristes de Netflix ou d’Hollywood.

[…] Rebranding luxembourgeois

L’affaire laissera des séquelles probablement indélébiles sur le nom de M. Bouvier. Dès octobre 2017, face au risque de devoir se déclarer en faillite et de mettre 45 salariés au chômage, l’entrepreneur avait dû se résigner à vendre Natural Le Coultre, la maison que sa famille détenait depuis 1983, à André Chenue, dirigée par les Da Costa, permettant à cette dernière de se hisser au troisième rang mondial des opérateurs d’art.

Le 17 mai 2021, à Luxembourg, sa filiale luxembourgeoise Fine Art Logistics Natural Le Coultre a finalement elle aussi dû être rebaptisée. Détenue par la luxembourgeoise Eurocenter Investment, dont il est aussi l’unique bénéficiaire économique, Fortius continue d’engloutir doucement des millions d’euros. À Noël, chaque année depuis 2016, M. Bouvier a remis de 4,5 à 7,65 millions d’euros au pot – soit 30 millions d’euros, selon nos calculs – pour maintenir sa société à « flot », même endettée à hauteur d’un peu plus de 10 millions d’euros.

Fortius n’est plus une société qui œuvre sur le Freeport Luxembourg, mais du « Luxembourg High Security Hub », son nouveau branding, comme en a décidé une assemblée générale extraordinaire le 21 décembre 2020. La structure a deux sous-compartiments, Luxembourg High Security Hub Real Estate pour l’immobilier du port franc, et Luxembourg High Security Hub Management pour les prestations de services.

Des sociétés qui ont bien du mal à rembourser les dettes qu’elles ont contractées, au temps des jours heureux de 2011-2012 où le gouvernement de Jean-Claude Juncker et Étienne Schneider donnait les premiers coups de pelle de cette infrastructure destinée à attirer les ultra-riches au Luxembourg. Lire la suite.

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