Clientes de PetroChina, des banques dérangent

Mardi 6 novembre 2007

ECONOMIE : Clientes de PetroChina, des banques dérangent

Date de parution : Mardi 6 novembre 2007

Auteur : Ram Etwareea

CAMPAGNE. UBS et Credit Suisse nient posséder des parts de PetroChina ou d’autres sociétés pétrolières qui soutiendraient le régime soudanais.

« Nous regrettons que la banque suisse UBS n’ait pas renoncé, malgré la campagne internationale, à préparer l’entrée en bourse de PetroChina. Cette compagnie chinoise est coresponsable de la catastrophe humanitaire au Darfour, qui est financée avec l’argent du pétrole. » C’est ainsi que Christophe Wiedmer, directeur de la Société des peuples menacés (SPM) a réagi à la cotation de PetroChina à la bourse de Shanghai lundi.

En Suisse, la SPM et la Déclaration de Berne (DB), deux organisations militant en faveur des droits de l’homme, ont en effet rejoint Genocide Intervention Network (GIN), une organisation basée à Washington, pour dénoncer la situation au Darfour. Elles estiment que le gouvernement soudanais s’arme et opprime les habitants du Darfour grâce aux revenus pétroliers. « Nous constatons que plusieurs banques suisses participent aux capitaux de ces compagnies pétrolières. Nous leur demandons de faire pression pour que celles-ci changent de comportement », explique Anne-Kathrin Glatz de la DB. L’organisation américaine GIN va plus loin et appelle toutes les multinationales à sortir du Soudan. Pour elle, comme pour les deux organisations suisses, il n’y a aucun doute qu’un génocide, dans toute sa gravité, est en cours au Darfour.

« Les deux grandes banques suisses, UBS et Credit Suisse, possèdent des parts dans les compagnies pétrolières au Soudan d’une valeur d’environ 6 milliards de dollars », accusent la SPM et la DB dans un communiqué publié la semaine dernière.

L’argent de nos clients

Réponse de UBS. « Nous avons été chargés par PetroChina de préparer son entrée en bourse et, selon tous les documents officiels, les nouveaux capitaux ne seront pas affectés aux projets au Darfour ou encore en Birmanie », explique le porte-parole. Pas question donc de laisser tomber une telle opportunité d’affaires. Ensuite, le porte-parole fait remarquer que UBS n’a aucune participation stratégique ni dans PetroChina ni dans aucune autre compagnie pétrolière active au Soudan. « En revanche, certains de nos fonds de placement investissent l’argent de nos clients dans PetroChina ou dans d’autres compagnies », poursuit-il.

La réaction de Credit Suisse n’est pas très différente. Le porte-parole Alex Biscaro tient à souligner que, d’une part, la banque respecte toutes les sanctions internationales et, d’autre part, elle n’a aucune relation d’affaires avec des compagnies soudanaises. « Oui, nos fonds d’investissement placent l’argent de leurs clients sur les titres de PetroChina », poursuit-il. Il ajoute qu’il s’agit de la plus grande capitalisation boursière au monde. Difficile dès lors de l’ignorer, d’autant plus que le titre fait partie des principaux indices boursiers en Asie.

D’après les informations données par la SPM et la DB, plusieurs autres banques suisses, dont Pictet & Cie et LODH détiennent des parts de PetroChina. Ni l’une ni l’autre n’a voulu commenter. A Genève, un banquier fait tout de même remarquer que la majorité des fonds de placement et d’investisseurs institutionnels de tous les pays achètent PetroChina.

Anne-Kathrin Glatz de la DB ne comprend pas toutes les explications bancaires. « Nous aimerions ouvrir un dialogue constructif avec les banques et éclaircir les différentes formes de participations. Nous avons l’impression que les unes ont des parts chez les autres et vice versa. Nous aimerions aussi leur rappeler leur responsabilité en ce qui concerne le respect des droits de l’homme dans les pays où elles sont présentes. »

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