Corruption : un diplomate suisse cloué au pilori par des hommes d’affaires kényans

Mercredi 17 août 2016

Corruption : un diplomate suisse cloué au pilori par des hommes d’affaires kényans

Jacques Pitteloud, ancien ambassadeur de Suisse au Kenya, a-t-il réclamé 50 millions de francs suisses pour enterrer un dossier ?

Par notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 16/08/2016 à 10:34 | Le Point Afrique

L’affaire remonte à 2014. Jacques Pitteloud, alors ambassadeur de Suisse au Kenya, se rend au domicile des frères Kamani, sous enquête pour blanchiment d’argent, à la fois au Kenya et en Suisse. La Confédération leur a bloqué 170 millions de dollars dans un scandale baptisé Anglo Leasing, qui remonte à 2004. L’histoire est racontée en long et en large dans Business Daily, quotidien du Kenya. Dans ces contrats portant sur des surfacturations concernant du matériel lié à la sécurité, il est souvent fort compliqué d’en apporter des preuves définitives. Jacques Pitteloud leur a-t-il suggéré de verser 50 millions de francs suisses (46 millions d’euros) contre l’abandon de poursuites dans la Confédération ? La démarche n’est pas inhabituelle de la part de la justice helvétique. Imitant les États-Unis, elle préfère négocier lorsque les dossiers complexes, réclamant des décennies de procédure, risquent de s’enterrer. Ancien des services secrets

Seulement voilà, les deux frères Kamani, Chamanlal et Rashmi, qui ont enregistré la conversation, portent plainte le 15 mai 2015 pour « tentative de contrainte », « abus d’autorité » et « violation du secret de fonction ». Pourquoi une date aussi tardive ? D’autant que Jacques Pitteloud a déjà quitté ses fonctions. Fin 2014, il est revenu à Berne pour devenir responsable de la Direction des ressources des affaires étrangères. Il était en poste à Nairobi depuis 2010, également en charge du Burundi, du Rwanda, de l’Ouganda et de la Somalie. C’est un haut fonctionnaire de choc : ancien coordinateur des services secrets suisses, ce francophone de 54 ans est intervenu dans des dossiers particulièrement sensibles, comme le terrorisme, le trafic de produits nucléaires ou celui des otages suisses détenus en Libye. Lire la suite

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