« Dubai Uncovered » : révélations sur l’immobilier de l’émirat, destination providentielle pour l’argent sale des oligarques et des criminels

Mardi 3 mai 2022

« Dubai Uncovered » : révélations sur l’immobilier de l’émirat, destination providentielle pour l’argent sale des oligarques et des criminels

Par Jérémie Baruch, Anne Michel et Vincent Nouvet

Publié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 10h45

Enquête Une fuite de données révèle l’ampleur des investissements étrangers dans l’émirat, un des centres financiers les plus opaques de la planète, en particulier dans l’immobilier de luxe.

Avec ses plages artificielles, ses gratte-ciel sculpturaux et ses stations de ski en plein désert, Dubaï s’affiche en paradis terrestre extravagant pour riches du monde entier. Mais le plus clinquant des Emirats arabes unis est aussi un des centres financiers les plus opaques de la planète, une destination providentielle pour l’argent illicite ou suspect.

Depuis que la guerre en Ukraine a éclaté, le 24 février, la crainte que des oligarques russes y délocalisent leur fortune pour échapper aux sanctions fait monter la fièvre. Début mars, l’organisme mondial antiblanchiment, le GAFI, a ainsi fiché Dubaï sur la liste grise des Etats priés de combler leurs failles en matière de lutte contre l’argent sale. Dans le viseur : la finance, mais aussi l’immobilier de luxe, grand vecteur de blanchiment, sur lequel règne le plus grand mystère.

Une crainte aujourd’hui confirmée par une base de données à laquelle Le Monde a eu accès, révélant l’identité de 274 000 propriétaires de 800 000 biens immobiliers situés à Dubaï.

Obtenues par le Center for Advanced Defense Studies (C4ADS), un think tank américain – composé d’anciens officiers américains et d’universitaires, il enquête sur les crimes et les conflits internationaux –, ces données cadastrales inédites datées de 2020 ont servi de base à l’enquête collaborative « Dubai Uncovered » (« Dubaï démasquée »), rassemblant vingt médias internationaux sous l’égide du média financier norvégien E24.

De hauts responsables politiques russes

Cette base de données, jusqu’alors inaccessible au grand public comme à la presse et aux chercheurs, expose la face la plus sombre de Dubaï. Car, dans la liste des propriétaires immobiliers du leak ne figurent pas seulement des hommes et des femmes d’affaires venus jouir du dynamisme économique du petit émirat et de ses largesses fiscales : on y trouve aussi un grand nombre de personnes impliquées dans des activités criminelles (fraude, corruption, trafic de drogue…), ciblées par des enquêtes judiciaires ou sous le coup de sanctions internationales.

De quoi nourrir la mauvaise réputation de l’émirat, dont le nom est régulièrement cité dans les grandes affaires de blanchiment d’argent et où se réfugient, dans l’espoir d’échapper à l’extradition, des trafiquants de drogue et des criminels en col blanc recherchés par les polices internationales. Lire aussi Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : jeu de cache-cache géant entre les oligarques russes et les autorités européennes

Le travail du consortium d’investigation Organized Crime and Corruption R Lire la suite.

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