Gazprombank, la banque russe chère à Poutine

Mardi 19 avril 2022

Économie

Gazprombank, la banque russe chère à Poutine

La branche financière de Gazprom échappe pour l’instant aux sanctions des Européens. C’est même par son intermédiaire qu’ils continuent d’acheter du gaz à la Russie, malgré les liens étroits qu’elle entretient avec le Kremlin.

Par Véronique Chocron Publié aujourd’hui à 03h47, mis à jour à 05h54

Elle est le conduit que se sont aménagé les Occidentaux pour pouvoir continuer à payer les livraisons de gaz importées de Russie. Gazprombank, branche financière du géant énergétique russe Gazprom, troisième institution financière du pays, a été largement épargnée par les vagues de sanctions financières engagées par les Occidentaux pour affaiblir Moscou, en représailles à l’invasion de l’Ukraine.

L’Union européenne (UE) ne s’en est d’ailleurs pas cachée : lorsque les vingt-sept Etats membres ont pris la décision inédite de débrancher sept banques russes du système financier international Swift, début mars, ils n’ont pas inscrit Gazprombank sur leur liste, en raison de la forte dépendance de plusieurs pays européens au gaz russe.

« Gazprombank est une banque “low profile” (profil bas), elle ne fait pas trop de publicité, elle n’est pas cotée en Bourse, son actionnariat n’est pas lisible de façon claire. Son patron, Andreï Akimov, n’a pas eu de parcours politique et reste à l’écart des médias », résume un financier, bon connaisseur de l’établissement. A l’ombre du géant gazier Gazprom, la banque sert pourtant les intérêts du Kremlin et du premier cercle autour de Vladimir Poutine.

Acteur central de l’économie russe

L’établissement bancaire se développe rapidement et devient un acteur central de l’économie russe. Il finance les entreprises des secteurs minier, chimique ou énergétique, depuis l’exploration pétrolière et l’industrie nucléaire jusqu’aux équipementiers.

Outil financier au cœur des grands projets industriels du pays, la banque est notamment le co-prêteur du projet Yamal-Europe pour la construction d’un gazoduc reliant la Sibérie au Vieux Continent. Elle s’est également développée dans la banque de détail, certes à petite échelle – avec près de cinq millions de clients particuliers – pour collecter des dépôts et bâtir un réseau d’agences sur le territoire. Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le financement des hydrocarbures russes, nerf de la guerre économique

L’institution a par ailleurs ouvert quelques filiales et bureaux à l’étranger, dont une en Suisse. « Gazprombank a pu ainsi travailler avec toutes les banques internationales, par le biais de syndications, pour financer ses projets, témoigne Matthieu Lacaze, ancien banquier spécialiste des matières premières. Elle a également recruté des banquiers étrangers pour apprendre le métier de la banque internationale, les émissions d’emprunts obligataires. »

Liens étroits avec le Kremlin

En 2005, un jeune homme de 23 ans, diplômé en droit de l’Université de Saint-Pétersbourg, Kirill Shamalov, rejoint le service juridique de Gazprombank. Il deviendra, en 2013, le gendre de Vladimir Poutine, en épousant sa fille cadette, Katerina Tikhonova. Il ne s’attarde pas dans l’entreprise, mais son immense fortune, qu’il doit à Gazprombank, raconte les liens étroits entre l’établissement et le Kremlin. Lire la suite.

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