Inculpée pour avoir empoché l’argent de Gunvor

Samedi 14 mars 2015

justice samedi 14 mars 2015

Inculpée pour avoir empoché l’argent de Gunvor

Par Sylvain Besson

Berne a mis en prévention une financière d’origine estonienne pour « gestion déloyale » et « abus de confiance ». Sa société avait reçu 10 millions de dollars versés par le géant du négoce genevois

Un personnage intrigant se retrouve en mauvaise posture dans l’affaire qui ébranle le monde pétrolier genevois depuis trois ans.

Le 5 janvier, le Ministère public de la Confédération a inculpé une financière d’origine estonienne pour « gestion déloyale » et « abus de confiance », a appris Le Temps. La justice fédérale reproche à cette résidente de la Côte d’Azur de s’être approprié indûment des fonds déboursés par le géant du négoce pétrolier Gunvor, basé à Genève, pour décrocher un contrat de livraison de brut au Congo.

La mise en prévention – c’est le terme officiel – de la financière marque un nouveau rebondissement dans une enquête commencée fin 2011. Celle-ci porte sur un versement par Gunvor de plus de 30 millions de dollars à des intermédiaires qui devaient lui donner accès au Palais présidentiel et à la production pétrolière congolaise.

Près de 10 millions avaient été versés, avec des justifications vagues, à une société genevoise contrôlée par la financière estonienne, spécialiste des structures offshore, et sa sœur, ancienne banquière d’UBS et de Clariden Leu.

[…] L’affaire jette un éclairage inédit, parfois comique, sur certains recoins de la place pétrolière et financière genevoise. Le développeur de Gunvor était proche d’une des deux financières estoniennes, qui l’appelait honey (chéri) dans leurs échanges de courriels. Il passait des week-ends sur des yachts à Saint-Tropez en compagnie de beautés russes, organisait des descentes à Monaco pour des « soirées blanches », aimait s’entourer de gardes du corps et rouler en limousine de location avec son comparse, l’ancien videur actif en Afrique. Un univers puéril, festif et flashy, à mille lieues de l’image de rigueur et de respectabilité que veut au­jourd’hui donner le monde du négoce pétrolier.

Sur le fond, l’enquête pose de sérieuses questions sur le contrôle interne des sociétés de négoce. Comment comprendre qu’un employé de Gunvor ait pu faire verser 30 millions de commissions sans disposer d’un pouvoir de signature formel, comme l’affirme la société ?

Selon des sources proches du dossier, les versements ont été fractionnés en douzaines de petits montants, ce qui empêchait Gunvor d’avoir une vision claire des sommes en jeu.

[…] L’enquête initiale ouverte fin 2011 pour « blanchiment » se poursuit, concernant le versement des commissions en marge du contrat congolais. « Il s’agit d’une enquête délicate avec de nombreuses ramifications à l’étranger, dans laquelle le nombre d’investigations ordonnées et en cours est important », indique le MPC.

Cette partie de l’enquête, qui vise de possibles opérations de corruption, est dirigée contre « inconnu ». Lire la suite sur le site du journal Le Temps.

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