Journaliste emprisonné au Bénin : « l’inexcusable erreur » de l’agence française CFI
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Journaliste emprisonné au Bénin : « l’inexcusable erreur » de l’agence française CFI
Ignace Sossou a été condamné à dix-huit mois ferme pour avoir tweeté les propos d’un procureur lors d’une conférence organisée par Canal France international.
Par Pierre Lepidi Publié aujourd’hui à 14h39
Au Bénin, trois tweets peuvent conduire en prison. C’est ce qui est arrivé au journaliste d’investigation Ignace Sossou, condamné à dix-huit mois ferme après avoir été discrédité par Canal France international (CFI), une agence de développement des médias financée en grande partie par le Quai d’Orsay. « Cette histoire est folle, tant par la démarche insensée de CFI que par la détention arbitraire de ce journaliste qu’elle a provoquée », considère William Bourdon, l’un des avocats de M. Sossou avec Elise Le Gall et Henri Thulliez. Ensemble, ils demandent sa libération, à l’unisson d’une longue liste d’organisations de défense des médias, de Reporters sans frontières (RSF) à Amnesty International en passant par Internet sans frontières.
Les faits se sont déroulés peu avant les fêtes de Noël. Le matin du 19 décembre, Ignace Sossou, journaliste à Bénin Web TV et collaborateur de plusieurs collectifs comme le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et le Réseau 3i (Initiative, Impact, Investigation), est interpellé à son domicile par des agents de l’Office central de répression de la cybercriminalité, puis placé en garde à vue. Le 24 décembre, il est condamné à dix-huit mois de prison ferme et 200 000 francs CFA (305 euros) pour trois tweets et des posts sur Facebook, considérés par la justice béninoise comme du « harcèlement par le biais de moyens de communications électroniques ».
« Une arme braquée sur la tempe »
Le 18 décembre, le journaliste avait posté sur Facebook et Twitter des propos attribués au procureur de la République, Mario Metonou (auteur de la plainte), lors de son intervention au sein d’une conférence organisée à Cotonou par CFI pour débattre des « fake news ». Ces trois messages, aujourd’hui effacés, critiquaient l’attitude du pouvoir béninois vis-à-vis de la liberté d’expression. Selon un document que s’est procuré Le Monde Afrique, les propos du procureur rapportés par Ignace Sossou sur Internet sont les suivants : « La législation béninoise telle qu’elle est n’offre pas une sécurité judiciaire aux justiciables », « La coupure d’Internet le jour du scrutin du 28 avril est un aveu de faiblesse des gouvernants » et « Le Code du numérique, c’est comme une arme qui est braquée sur la tempe de chaque journaliste ». Lire la suite.
paradisfj.info
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