L’affaire Karimova n’est pas terminée

Lundi 27 avril 2020

L’affaire Karimova n’est pas terminée

Tribunal pénal fédéral La fille de l’ex-président de l’Ouzbékistan peut consulter les dépositions des juges fédéraux Lauber et Lamon. Le TPF a donné son feu vert.

Gulnara Karimova, la fille de l’ancien président de l’Ouzbékistan, peut consulter des dépositions du procureur général de la Confédération Michael Lauber et du procureur fédéral Patrick Lamon. Ces documents pourraient fournir de nouveaux motifs de récusation contre ce dernier qui a déjà été dessaisi du dossier Karimova.

Les deux magistrats avaient été entendus lors du procès d’un ex-agent de la Police fédérale qui avait accepté divers avantages lors d’un voyage en Russie. En avril 2019, la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral (TPF) avait dessaisi le procureur Lamon de l’enquête qu’il menait pour blanchiment depuis 2012 contre Gulnara Karimova.

Les juges de Bellinzone tiraient les conséquences d’un voyage effectué par le procureur en septembre 2018 en Ouzbékistan. Ils estimaient que le rôle qu’il avait joué auprès des autorités ouzbèkes n’était pas clair. Informée de ce voyage, la fille de l’ancien président avait demandé en vain des explications.

Conférence à Irkoutsk

Lors du procès du policier fédéral spécialiste de la Russie, Michael Lauber et Patrick Lamon avaient indiqué avoir participé leur à une conférence tenue à Irkoutsk en 2014.

L’affaire Karimova avait été évoquée lors de cette rencontre.

Pour Gulnara Karimova, l’enjeu est de savoir si Patrick Lamon aurait dû être récusé bien avant le voyage en Ouzbékistan. Ce qui permettrait ensuite de remettre en question les actes d’instruction ordonnés après la conférence d’Irkoutsk, par exemple.

Dans un premier temps, le Ministère public de la Confédération (MPC) a rejeté la demande de Gulnara Karimova qui exigeait que les procès-verbaux des dépositions de Michael Lauber et de Patrick Lamon soient versés à son propre dossier. La fille du président Islam Karimov a fait appel auprès du TPF.

« Dignes de protection »

Dans une décision publiée lundi, la Cour des plaintes décrit les intérêts de la recourante comme « crédibles, compréhensibles et fondamentalement dignes de protection ». En outre, les deux procureurs fédéraux se sont exprimés lors d’une audience publique.

Les juges de Bellinzone estiment que la procédure de recours toujours pendante contre l’agent de la Police fédérale n’est pas menacée si seuls les passages des dépositions qui concernent la fille du président lui sont communiqués. Pour mémoire, le spécialiste de la Russie a été condamné en première instance pour avoir accepté des avantages, à savoir une chasse à l’ours au Kamtchatka offerte par les autorités.

La Cour des plaintes a cependant interdit à Gulnara Karimova et à son avocat de transmettre les procès-verbaux à des tiers. (décision CN.2020.2 du 7 avril 2020)

(ats/nxp)

Créé : 27.04.2020, 12h03

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