L’argent de la corruption passe toujours par les banques suisses

Samedi 3 septembre 2016

L’argent de la corruption passe toujours par les banques suisses

Alors que Berne promet la fin du secret bancaire, les banques helvétiques se gavent toujours d’argent sale. Dernier exemple en date : le Brésil.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 01/09/2016 à 11:37 | Le Point.fr

Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, a été destituée mercredi par le Sénat, à une large majorité, pour maquillage des comptes publics. L’événement n’a guère étonné les Suisses, car depuis plus d’un an, ils suivent régulièrement dans la presse locale l’affaire Petrobas (du nom d’une société pétrolière), cet immense scandale de corruption qui secoue le Brésil. Une opération policière baptisée Lava Jato (« lavage auto »). Dès mars 2015, le ministère public de la Confédération annonçait que 400 millions de dollars avaient été bloqués dans 30 établissements basés en Suisse !

Depuis une décennie, l’argent versé par des entrepreneurs arrivait sur des comptes dans des banques à Genève, à Zurich et à Lugano, les trois principales places financières de la Suisse. Les banquiers helvétiques pouvaient difficilement ignorer qu’il s’agissait de corruption : à peine crédités sur un compte, les sous repartaient immédiatement sur d’autres comptes ouverts par des sociétés prête-noms, sans qu’il y ait de justificatifs économiques. Or, les banques ont aujourd’hui l’obligation de connaître qui se cachent derrière les « Panaméennes » ou les faux nez des îles Vierges.

Alors que la Suisse ne cesse de donner des gages de bonne volonté, et promet la fin du secret bancaire dès 2018, les établissements financiers ne paraissent pas très pressés d’abandonner leurs vieilles habitudes. Il est vrai que l’argent sale est beaucoup plus rémunérateur que la gestion des comptes-salaires de fonctionnaires ou d’épiciers. Un blanchisseur accepte sans sourciller que sa banque, prête à fermer les yeux sur ses turpitudes, lui prélève des « frais » assez exorbitants.

[…] Le blanchiment est-il culturel ?

[…] Mais apparemment la contre-publicité ne semble pas convaincre les banquiers suisses d’arrêter de frauder. Certains mauvais esprits prétendent que c’est culturel chez eux. C’est au moins une mauvaise manie dont ils ne se débarrassent pas facilement.

Il y a quelques années, un cadre bancaire nous avait confié que malgré la découverte d’un énorme scandale concernant un chef d’État africain, le président de sa banque avait malgré tout réconforté l’employé incriminé, mis en cause par la justice. « Certes, nous nous sommes fait prendre, malgré tout, il fallait tenter », aurait-il déclaré en séance. Lire la suite.

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