L’enquête fiscale en Allemagne prend une dimension internationale

Mardi 26 février 2008

26/02/2008 20:03

BERLIN (AFP) - L’enquête fiscale en Allemagne prend une dimension internationale

[Le procureur de Bochum Hans-Ulrich Krück s’adresse à la presse, le 26 février 2008 à Bochum (Allemagne) - © 2008 AFP - Volker Hartmann]

Commencée en Allemagne il y a dix jours, la traque à la fraude fiscale, via le Liechtenstein, a pris mardi une dimension de plus en plus internationale et touche désormais plus de 10 pays, dont les Etats-Unis, la France, l’Italie, l’Espagne, la Suède et l’Australie.

Le procureur de Bochum, Hans-Ulrich Krück, qui chapeaute depuis le début l’enquête allemande, a indiqué que les services fiscaux avaient déjà pris dans leurs filets plus de 160 contribuables allemands : 27,8 millions d’euros ont été récupérés auprès de 91 fraudeurs qui ont reconnu les faits et de 72 personnes qui se sont elles-mêmes dénoncées dans l’espoir d’échapper à des poursuites.

L’administration fiscale espagnole analyse les informations sur les Espagnols soupçonnés d’être impliqués dans l’enquête sur la fraude fiscale via le Liechtenstein qui touche plus de dix pays, ont annoncé mardi les services fiscaux espagnols.

« Les services fiscaux sont en train d’analyser l’information concernant les citoyens espagnols inclus sur les listes de comptes et de dépôts bancaires du Liechtenstein soupçonnés d’avoir été utilisés pour de l’évasion et de la fraude fiscale », selon un communiqué de ces services, qui ne précise pas le nombre d’Espagnols concernés.

Neuf pays membres de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques) « ensemble, ont reçu et étudient des informations sur des comptes au Liechtenstein », a révélé de son côté le directeur du Trésor public suédois Mats Sjöstrand.

Ce groupe comprend Suède, Grande-Bretagne, France, Italie, Espagne, Canada, Australie, Nouvelle Zélande et Etats-Unis.

Cela a été confirmé par différentes capitales : Washington a indiqué que « le service des impôts américain a lancé une enquête impliquant plus de cent contribuables américains, en lien avec des comptes au Liechtenstein, pour s’assurer que les revenus sont correctement déclarés et les impôts payés ».

Le vice-ministre italien de l’Economie Vincenzo Visco a révélé qu’il y avait un « nombre considérable » d’Italiens sur une liste que Rome a reçue concernant l’enquête sur la fraude fiscale via le Liechtenstein.

Le ministre français du Budget Eric Woerth a annoncé que les services fiscaux français disposent « depuis le début de l’année » d’une « liste de quelques centaines de noms » de personnes concernées par cette affaire de fraude via la principauté alpine. « Nous l’expertisons », a-t-il précisé.

Les services du fisc australien ont indiqué avoir ouvert une enquête contre vingt contribuables.

Lors de son point de presse à Bochum, M. Krück a expliqué qu’au départ, l’enquête allemande visait des personnes soupçonnées d’avoir secrètement placé environ 200 millions d’euros auprès de la banque LGT au Liechtenstein, ainsi que des employés de trois banques allemandes.

Les investigations se sont maintenant étendues à une deuxième banque à l’étranger, a-t-il ajouté.

Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung croit savoir qu’il s’agit d’une filiale du groupe bancaire suisse Vontobel, au Liechtenstein.

A Zurich, Vontobel, spécialisée dans la gestion de fortune, a démenti mardi que des données confidentielles concernant ses clients au Liechtenstein aient été volées ou communiquées de manière frauduleuse.

Un porte-parole du ministère allemand des Finances, Thorsten Albig, avait indiqué lundi que Berlin allait partager ses informations — pour lesquelles les services secrets allemands ont versé plus de 4 millions d’euros — en vertu d’accords de coopération avec les administrations fiscales d’autres pays.

Le ministère français du Budget a démenti mardi que les informations transmises par l’Allemagne sur des personnes susceptibles d’avoir fraudé le fisc aient été payées.

La banque LGT Group, au Liechtenstein, a reconnu que des données, volées en 2002 par l’un de ses employés, avaient non seulement été transmises aux autorités allemandes, mais aussi « apparemment (…) à d’autres autorités ».

Le ministre danois des Impôts, Kristian Jensen, fait partie des rares responsables hostiles à l’idée d’utiliser des renseignements achetés à un informateur pour démasquer les fraudeurs du fisc.

« Je pense que c’est un problème moral de récompenser un criminel pour quelques informations qu’il a volées », a-t-il déclaré.

Ces informations ont permis à la justice allemande de lancer, à la mi-février, une enquête sans précédent sur la fraude fiscale, visant notamment des personnalités comme Klaus Zumwinkel, le patron de la Deutsche Post qui a depuis démissionné.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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