L’ex-oligarque Pougatchev, qui accuse la Russie de l’avoir « dépouillé », obtient la relance d’une enquête en France

Mercredi 29 septembre 2021

L’ex-oligarque Pougatchev, qui accuse la Russie de l’avoir « dépouillé », obtient la relance d’une enquête en France

29 sept. 2021 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

L’ex-oligarque franco-russe Sergueï Pougatchev, qui dit avoir été « dépouillé » de ses avoirs en Russie, a obtenu la relance d’une enquête ouverte en 2014 en France après une plainte pour extorsion et escroquerie, a appris mercredi l’AFP de sources concordantes.

L’ex-oligarque franco-russe Sergueï Pougatchev, qui dit avoir été « dépouillé » de ses avoirs en Russie, a obtenu la relance d’une enquête ouverte en 2014 en France après une plainte pour extorsion et escroquerie, a appris mercredi l’AFP de sources concordantes.

Dans une décision du 23 septembre, dont a eu connaissance l’AFP, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a infirmé l’ordonnance de non-lieu rendue en février 2019 dans cette affaire et ordonné la poursuite de l’information judiciaire ouverte il y a près de sept ans.

« La cour prend acte des preuves édifiantes de la tentative d’extorsion qu’a subie Sergueï Pougatchev de la part de hauts fonctionnaires de l’Etat russe », a réagi auprès de l’AFP son avocat, Mickaël Bendavid.

Ex-sénateur de la région de Touva, en Sibérie, Sergueï Pougatchev a fondé en 1992 la Mejprombank, devenue au début des années 2000 une des principales banques de Russie, et développé jusqu’en 2010 le groupe OPK, qui regroupait notamment chantiers navals et entreprise d’exploitation de charbon à coke (EPC).

Réputé proche de Vladimir Poutine, il investit aussi massivement en France, en particulier dans la marque Hédiard. En 2009, il permet à son fils, Alexandre, de prendre la direction du quotidien France Soir.

Mais en 2010, la Mejprombank fait faillite. L’étoile de l’homme d’affaires pâlit auprès du Kremlin et il est soupçonné d’être à l’origine de transactions douteuses ayant permis de faire sortir des actifs de Russie. Il s’enfuit au Royaume-Uni puis en France, dont il a acquis la nationalité en 2009.

En 2013, il porte plainte à Paris pour escroquerie et extorsion en bande organisée.

Il accuse le pouvoir russe de l’avoir poussé à céder les activités d’OPK à des entreprises d’Etat qui ne l’ont jamais payé. Il accuse aussi un dirigeant de l’Agence russe d’assurance des dépôts (ASV), à laquelle avait été confiée la tutelle de la Mejprombank, de l’avoir intimidé pour lui soutirer 350 millions de dollars en échange de sa tranquillité.

Il raconte notamment avoir été menacé et brièvement séquestré sur un yacht au large de Monaco par trois hommes liés selon lui à ce dirigeant. Ce dernier s’est enfui de Russie en 2019.

Après un premier classement sans suite, une nouvelle plainte avait entraîné l’ouverture d’une instruction en 2014. Mais elle avait abouti à un non-lieu en février 2019, la juge estimant qu’il n’y avait pas de charges suffisantes à l’encontre des personnes visées.

M. Pougatchev a alors fait appel, communiquant de nouvelles pièces et une clé USB contenant l’enregistrement d’une de ses conversations avec une des personnes qu’il accuse d’extorsion.

Selon la chambre de l’instruction, une expertise a conclu à l’authenticité de cet enregistrement.

Les magistrats ont aussi estimé « réalisables » certaines auditions de personnes visées« , justifiant ainsi »la poursuite" de l’enquête.

Parallèlement, l’homme d’affaires avait saisi en 2015 la cour d’arbitrage de La Haye pour réclamer à Moscou 12 milliards de dollars. En juin 2020, le tribunal arbitral de Madrid, désigné en cours de route pour trancher ce litige, avait jugé sa plainte irrecevable. Sa défense a fait appel de cette décision.

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