Le coût des paradis fiscaux pour les États demeure inconnu

Mardi 30 avril 2013

Le coût des paradis fiscaux pour les États demeure inconnu

Une coalition demande à Québec et à Ottawa une évaluation crédible

30 avril 2013 | Marco Bélair-Cirino

La coalition Échec aux paradis fiscaux presse Québec et Ottawa de colmater les fuites massives de capitaux vers les paradis fiscaux. Les gouvernements fédéral et québécois doivent s’atteler à la tâche en mesurant tout d’abord l’ampleur du phénomène de l’évasion fiscale, mais également celui de l’évitement fiscal.

« Il est grand temps que nos gouvernements cessent de faire l’autruche et publient des estimations officielles », a déclaré le porte-parole de la coalition, Claude Vaillancourt. Se tenant dans l’ombre de quelques palmiers de centre commercial disposés sur le square Victoria à Montréal le temps d’un point de presse, il a donné le coup d’envoi lundi midi de la campagne « Levez le voile sur les paradis fiscaux ! ».

[…] En 2011, les Canadiens possédaient des actifs évalués à 140 milliards de dollars dans les six principaux paradis fiscaux, dont 53 milliards à la Barbade, 26 milliards aux îles Caïmans, 24 milliards en Irlande, 14 milliards au Luxembourg et 13 milliards aux Bermudes, selon Statistique Canada. « 140 milliards qui échappent à l’économie… et à l’impôt ! » a précisé Alain Deneault.

« D’une part, le gouvernement canadien prétend faire la lutte aux paradis fiscaux, mais, d’autre part, il favorise l’investissement des Canadiens dans les paradis fiscaux par des accords […] qui permettent [par exemple] aux Canadiens de rapatrier des dividendes non imposés sur la base de ces accords-là », a dénoncé l’auteur d’Offshore, paradis fiscaux et souveraineté criminelle. « C’est ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait “la main gauche et la main droite”. On fait semblant de lutter contre un problème de la main gauche, [mais, simultanément] on a des échappatoires par les paradis fiscaux pour permettre aux détenteurs de fortune, aux banques, aux grandes entreprises, aux grands commerçants, de profiter de stratagèmes de la main droite », a-t-il ajouté.

En plus de « mettre sous pression » le gouvernement fédéral, le gouvernement québécois doit, lui aussi, faire la chasse aux grands évadés fiscaux. « Il y a quelques années, le gouvernement du Québec s’est intéressé à l’évasion fiscale, mais [il] ne citait que la coiffeuse du coin, la ménagère, les employés de la construction, les travailleurs autonomes… Il serait temps de s’attaquer à de plus gros bonnets », a déploré M. Deneault. Lire la suite.

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