Le dossier connexe de l’Angolagate rouvert

Jeudi 21 novembre 2013

Luxembourg | Publié le 20.11.2013 10:43

Justice

Le dossier connexe de l’Angolagate rouvert

Après huit mois d’attente, la Cour d’appel de la Chambre du conseil a décidé de rouvrir l’instruction à l’encontre de deux anciens dirigeants de la Sella Bank pour faux et usage de faux en relation avec l’argent de la négociation controversée de la dette angolaise. Par : Véronique Poujol

Mis à jour : 20.11.2013 17:15

La gestation fut longue pour la justice luxembourgeoise, mais l’affaire est si sensible que les magistrats ont regardé à deux fois avant de rouvrir le dossier pénal concernant le fonds d’investissement Doxa Fund, lié à la négociation dans les années 2000 de la dette angolaise.

La justice luxembourgeoise va donc, après l’avoir refermé sans doute en raison du peu de pugnacité d’un juge d’instruction, se pencher une nouvelle fois sur les circuits qu’avait emprunté l’argent des commissions occultes touché par une série d’intermédiaires pour leur intervention dans des contrats pétroliers en échange d’un rachat de dette de l’État angolais.

Yoyo judiciaire

Une affaire connue en France sous le nom de l’Angolagate et qui donna lieu dans l’Hexagone à un procès retentissant mêlant classe politique et intermédiaires. Parmi ces derniers, le principal acteur est l’homme d’affaires russo-israélien Arcadie Gaydamak, qui plaça les commissions qu’il reçut du « deal » dans une banque luxembourgeoise, la Sella Bank, aujourd’hui transformée en Miret.

Il s’agissait de plus de 365 millions de dollars qui auraient fructifiés au point de dépasser un milliard de dollars. Précisons que dans le procès de l’Angolagate à Paris, M. Gaydamak bénéficia d’un non lieu.

Après un long yoyo judiciaire, la Cour d’appel de la Chambre du conseil a finalement ordonné, jeudi 14 novembre, « la réouverture de l’instruction quant aux faits qualifiés de faux et d’usage de faux en rapport avec le fonds d’investissement Doxa », a-t-on appris ce mercredi de source proche du dossier. Les magistrats, qui siégeaient à huis clos, ont indiqué qu’il n’y avait pas matière, à ce stade de l’instruction de l’affaire, à inculper les deux ex-banquiers de la Sella Bank, qui ont géré le fonds Doxa.

De même, ils ont refusé de joindre à la première affaire Doxa d’autres dossiers concernant deux fonds d’investissement Global Alpha Star Fund et Premium Fund, également liés à la négociation de la dette angolaise, mais avec d’autres acteurs qu’Arcadie Gaydamak.

[…] Et la plainte de Gaydamak ?

L’homme d’affaires russo-israélien a attaqué au pénal deux ex-gestionnaires de sa fortune qu’il accuse de l’avoir escroqué. M. Gaydamak a déposé plainte avec constitution de partie civile contre les dirigeants de la fiduciaire luxembourgeoise ayant géré son immense fortune au Luxembourg, dont le fonds Doxa, ainsi qu’une myriade de sociétés écrans dans des paradis fiscaux afin de dissimuler son identité.

L’argent n’était plus celui de Gaydamak, mais provenait d’une fondation caritative juive du nom de Dorset Fondacion. Cet organisme était alimenté par les dons de la diaspora juive en Amérique latine, assura-t-on alors, et l’homme d’affaires avait été chargé d’en assurer la gestion.

Les fonds furent ainsi si bien cachés, et les montages mis en place derrrière si complexes, que les gestionnaires de la fiduciaire au Grand-Duché finiront par mettre la main dessus et s’en approprier une partie. Ce pourquoi Gaydamak a porté plainte le mois dernier, estimant avoir été « victime d’un vol domestique, escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux et blanchiment détention ».

Précisons encore qu’en 2004, la cellule antiblanchiment du Parquet de Luxembourg avait saisi les fonds liés à l’affaire Angolagate. Mais jugeant qu’il s’agissait d’une affaire franco-française et surtout que leur origine licite avait été démontrée (les dons de la communauté juive en Amérique du Sud), la justice procéda au déblocage des fonds qui se perdirent alors du côté de Chypre. Une longue histoire dont les autorités luxembourgeoises ne peuvent pas se vanter. Lire la suite sur le site du journal Paperjam.

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