Le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz sera jugé en Suisse pour corruption

Mardi 13 août 2019

Le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz sera jugé en Suisse pour corruption

Selon l’acte d’accusation, environ 10 millions de dollars de pots-de-vin auraient été versés dans le cadre de l’acquisition de permis miniers en Guinée.

Par Simon Piel et Joan Tilouine Publié hier à 18h24

La république de Guinée, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, devait être l’eldorado du milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz. En 2008, la firme Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) y avait acquis, dans des conditions troubles, des permis miniers sur la plus importante réserve de fer inexploitée au monde : le projet Simandou.

Mais après six ans d’instruction et plusieurs dizaines de commissions rogatoires en Israël et aux Etats-Unis, la justice suisse a annoncé, lundi 12 août, le dépôt de l’acte d’accusation et officialisé sa décision de renvoyer Beny Steinmetz, 63 ans, et deux autres coaccusés, dont le Français Frédéric Cilins, devant le tribunal correctionnel de Genève. Pour la première fois de son histoire, la Suisse s’apprête à juger un responsable présumé d’un réseau de corruption internationale.

Beny Steinmetz, magnat du diamant qui a un temps résidé à Genève, est notamment accusé de « corruption d’agent public » et de « faux dans les titres » pour dissimuler auprès des banques et des autorités le versement de commissions illégales. L’enquête suisse porte sur les conditions d’obtention des permis miniers sur les blocs 1 et 2 de Simandou, qui renferme plusieurs dizaines ou, plus probablement, plusieurs centaines de milliards de dollars de fer, toujours inexploité à ce jour. Selon le ministère public, « les sommes versées à titre de pot-de-vin s’élèvent, selon l’acte d’accusation, à environ 10 millions de dollars », soit près de 9 millions d’euros.

La première dame, principale bénéficiaire

Cette montagne verdoyante est située dans la partie forestière enclavée du sud de la Guinée, dirigée de 1984 à sa mort, en décembre 2008, par l’autocrate Lansana Conté. BSGR s’installe dans le pays en 2005, crée une filiale, BSGR Guinea, et charge le Français Fréderic Cilins de le représenter et de faciliter les accès aux responsables guinéens. Les permis convoités sur Simandou sont alors détenus par le géant anglo-australien Rio Tinto, sollicité dans les années 1990 par le gouvernement guinéen, désireux de valoriser son potentiel minier. BSGR n’en a cure et veut mettre la main sur les blocs 1 et 2 de Simandou.

Contacté, l’avocat de M. Cilins à Genève, Jean-Marc Carnicé, assure que son client « conteste catégoriquement toutes les charges » et qu’il plaidera l’acquittement.

Cette même année 2005, une société offshore est établie aux îles Vierges britanniques par le cabinet Mossack Fonseca, comme l’ont démontré les « Panama Papers ». Elle s’appelle Pentler Holdings et est détenue par une autre société, Onyx, une filiale de BSGR administrée depuis Genève et dont la directrice n’est autre que celle du groupe de Steinmetz, Sandra Merloni-Horemans. Cette dernière est, elle aussi, aujourd’hui renvoyée devant le tribunal correctionnel de Genève. Sollicitée, son avocate Corinne Corminbœuf Harari n’a pu être jointe. Lire la suite.

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