Les banques britanniques exposées à des conflits d’intérêt sur le climat (étude)

Mardi 9 mars 2021

Les banques britanniques exposées à des conflits d’intérêt sur le climat (étude)

9 mars 2021 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Les banques britanniques sont exposées à des conflits d’intérêt sur le climat puisqu’une majorité des membres de leur conseil d’administration ont des liens passés ou présents avec des industries polluantes, révèle mardi une étude du site d’enquêtes DeSmog.

Les banques britanniques sont exposées à des conflits d’intérêt sur le climat puisqu’une majorité des membres de leur conseil d’administration ont des liens passés ou présents avec des industries polluantes, révèle mardi une étude du site d’enquêtes DeSmog.

Au total, ces conflits d’intérêt concernent 80% des administrateurs, soit 50 sur les 64 des 5 grandes banques du pays à savoir Barclays, HSBC, NatWest, Lloyds et Standard Chartered, selon un communiqué.

DeSmog estime que ces administrateurs ont des liens étroits, soit actuellement, soit dans le passé, avec les industries les plus polluantes ou leur soutien financier, que ce soit comme administrateurs, conseillers ou salariés.

Pour l’étude, cet état de fait pourrait être un obstacle à toute action majeure face à la crise climatique.

Un quart des administrateurs des banques ont même ou ont eu des liens directs avec le secteur des énergies fossiles.

Chez Barclays, Tushar Morzaria est également administrateur du groupe pétrolier BP. Pour HSBC, Jose Antonio Meade est membre du conseil d’administration de la société mexicaine Kuribrena qui est impliquée dans l’exploration pétrolière. Au sein de Lloyds, James Lupton détient des actions du pétrolier Shell et du groupe minier Rio Tinto.

De même, certains sont liés à l’industrie aérienne. Le président du conseil d’administration de NatWest, Howard Davies, a présidé une commission qui a soutenu le projet décrié de troisième piste de l’aéroport londonien d’Heathrow.

Enfin, la moitié des administrateurs de banques britanniques sont très proches d’autres banques connues pour soutenir l’industrie polluante comme les américaines Citigroup, Goldman Sachs, Morgan Stanley et JPMorgan ou la suisse UBS.

« Ces individus on passé leur carrière immergés dans les normes et l’idéologie de ces industries à fortes émissions carbones. Il est à craindre que de telles expériences les rendent complaisants avec les organisations qui alimentent la crise climatique », souligne Rachel Sherrington, chez DeSmog.

La banque NatWest a réagi en expliquant selon un porte-parole que la lutte contre le changement climatique était « au centre » de sa stratégie.

« Nous savons aussi que nous devons agir rapidement en partenariat avec les secteurs privé et public » et NatWest « est déterminée à jouer un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique et d’aider nos clients à faire de même ».

Standard Chartered n’a elle pas souhaité faire de commentaires. HSBC, Barclays et Lloyds n’avaient pas donné suite aux sollicitations de l’AFP.

Des rapports d’ONG soulignaient récemment que des banques britanniques continuaient à financer des projets très polluants en dépit de leurs engagements à respecter les accords de Paris sur le climat.

HSBC et Barclays font toutefois face à la pression de certains actionnaires qui vont soumettre lors des prochaines assemblées générales des résolutions pour les forcer à arrêter le financement des énergies fossiles.

« Comment pouvons-nous attendre de ceux qui sont au sommet de banques comme Barclays et HSBC qu’ils prennent des décisions difficiles mais nécessaires sur les énergies fossiles compte tenu de leurs liens étroits avec des secteurs qui en sont dépendants ? », se demande Jeanne Martin, de l’ONG ShareAction, citée dans le communiqué.

« Les investisseurs devraient prendre note des passerelles qui existent entre les banques et le secteur des énergies fossiles et utiliser leurs droits de vote pour congédier les administrateurs exposés à un conflit d’intérêt sur le climat », selon elle.

jbo/ved/sr/clp/

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