Les capitaux russes continuent de fuir vers les paradis fiscaux

Mardi 20 août 2013

évasion fiscale 19:43

Les capitaux russes continuent de fuir vers les paradis fiscaux

Emmanuel Grynszpan

Les îles Vierges britanniques et le Luxembourg voient affluer plus d’argent. La Suisse reste en marge du phénomène

Vladimir Poutine semble régner sans partage sur l’élite politico-financière russe. Pourtant, à en croire les statistiques publiées vendredi par la banque centrale de Russie, ses injonctions visant à rapatrier les capitaux russes abrités dans les paradis fiscaux ont eu l’effet exactement inverse. Des chiffres par ailleurs publiés à quelques semaines du G20 de Saint-Pétersbourg, dont l’évasion fiscale sera un des sujets ­centraux.

Durant le seul premier trimestre 2013, les sociétés russes ont placé à l’étranger des sommes dépassant de 50% le total de ce qu’elles y avaient envoyé durant toute l’année précédente. Soit 67,8 milliards de dollars, un montant en ligne avec ce qui s’est déjà produit les années précédentes. Au cours du premier trimestre 2012, la fuite de capitaux n’avait atteint « que » 11,4 milliards de dollars.

Les économistes russes signalent que les facteurs stimulant l’évasion fiscale vers les zones offshore sont le sentiment de vulnérabilité des hommes d’affaires envers la bureaucratie et la corruption. Deux facteurs conjoncturels observés ces derniers mois s’y ajoutent : le ralentissement de la croissance économique et l’arrêt inopiné du programme de privatisations.

[…] L’argent russe a traversé l’Atlantique pour atterrir aux îles Vierges britanniques, qui ont enregistré un afflux sans précédent, avec près de la moitié des flux (31,7 milliards de dollars), soit huit fois plus qu’en 2012. Le Luxembourg est la deuxième destination favorite des Russes (14 milliards de dollars) devant le Royaume-Uni (11 milliards de dollars). La Suisse arrive loin ­derrière, avec 157 millions de dollars.

Une partie des observateurs juge que l’afflux enregistré par les îles Vierges britanniques correspond à des opérations financières ponctuelles, en particulier le versement par le groupe pétrolier Rosneft de 28 milliards de dollars aux actionnaires russes de TNK-BP, qui ont basé leur holding dans cette juridiction éloignée de Moscou. « Les îles Vierges sont pratiques sur le plan juridique grâce à une convention fiscale avantageuse avec la Russie, note Arnaud Leclercq, responsable des nouveaux marchés chez Lombard Odier. Elles permettent de distribuer les dividendes avec une certaine optimisation fiscale », précise le banquier. Le Luxembourg et les Pays-Bas offrent également des conventions fiscales avec la Russie intéressantes pour les sociétés faîtières. Plutôt que l’activité institutionnelle, le Royaume-Uni attire davantage les grandes fortunes à la recherche du statut fiscal très avantageux de « résident non domicilié », couplé avec d’autres avantages pratiques de la vie à Londres. Lire la suite sur le site du journal Le Temps.

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