Mobutu et la Banque Conti

Samedi 5 mai 2007 — Dernier ajout jeudi 17 mai 2007

Mobutu et la Banque Conti

À propos de Paribas.

Dans un rapport confidentiel envoyé à son ministère, le 26 novembre 1996, l’ambassadeur de Belgique au Luxembourg explique qu’existe au Grand-duché « un circuit dans lequel de »l’argent criminel« est blanchi ». Il passe par la Banque Continentale du Luxembourg (BCL), ou « Conti ».

Celle-ci a appartenu conjointement à Paribas et au groupe Auchi de 1982 à octobre 1994. À cette date, Paribas a repris les parts de son associé, avant de céder le sulfureux établissement en 1996 à une consœur flamande, la Kredietbank (KB).

Selon la note diplomatique belge, « des analystes financiers au Luxembourg ont l’impression que, via la »Continentale", de grandes banques telles que la […] KB, Paribas, Suez,… profitent chacune à leur tour de ce circuit noir ".

Longtemps copropriétaire de la « Conti », Nadhmi Auchi en était aussi l’ingénieur financier. Ce multimilliardaire irako-britannique partageait avec Pierre-Philippe Pasqua un grand ami commun : Étienne Leandri, décédé en 1995. Le trio représentait un capital exceptionnel d’expérience dans les ventes d’armes et leur financement.

Auchi a " fait fortune dans le commerce des armes pendant la guerre Iran-Irak, explique un businessman moyen-oriental installé à Paris. Les contrats transitaient par la société Tradinco, rebaptisée plus tard Concepts in Communication ". Il avait commencé de s’enrichir en construisant des pipelines dans son pays natal, l’Irak, avec une filiale d’Elf. Puis c’est devenu un acrobate de la finance, un précurseur de la connexion entre paradis fiscaux. " Ses sociétés sont domiciliées au Luxembourg et à Panama, ce qui soulage considérablement les démarches administratives… ", mais ne l’aide pas à démentir les accusations de blanchiment dont il est régulièrement l’objet. Dans une de ses sociétés luxembourgeoises, la Pan African Invest, Auchi domicilie une filiale d’Elf. Il en est devenu le cinquième actionnaire de la compagnie pétrolière, avec 1 % des parts.

Le rapport de l’ambassadeur belge a suscité une enquête de l’hebdomadaire bruxellois Le Soir Illustré :

" Sous « l’ère Auchi », la Banque continentale du Luxembourg a accueilli les comptes en banque de dictateurs notoires : Saddam Hussein, Bokassa, Houphouët-Boigny, Bourguiba, Kadhafi et l’inévitable Mobutu. […] Plusieurs holdings de droit luxembourgeois auraient été créés par un de ses hommes de confiance […] Jean-Pierre Bemba, le fils du patron des patrons zaïrois : Saolona Bemba [aujourd’hui ministre de Kabila]. […] La tristement célèbre Radio Mille Collines […] était financée par des capitaux provenant des comptes ouverts auprès de la Banque Continentale du Luxembourg qui possède, soit dit en passant, des filiales au Zaïre et au Rwanda. […] La Conti semble donc être le passage obligé, depuis une quinzaine d’années, d’opérations de blanchiment à l’échelle internationale ".

Auchi est un relais considérable des réseaux françafricains. Paribas est fortement engagée dans leurs acrobaties financières. Elle a le chic de surendetter les pays en guerre civile, comme le Congo-Brazzaville ou l’Angola, où le mélange armes-pétrole domine les flux financiers. Jusqu’à son absorption en 1999 par la BNP, son actionnaire de référence était… Nadhmi Auchi, avec 7,1 % du capital.

La BCL donc, filiale de Paribas et de la nébuleuse Auchi, a été mêlée aux épisodes les plus sombres de la région des Grands Lacs, avec une forte clientèle mobutiste.

Extrait du site internet « Silence on triche »…

Visitez le site de Silence on triche….

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