Nouvelle crise des poubelles à Naples

Samedi 5 janvier 2008

Europe

Nouvelle crise des poubelles à Naples

AP | 04.01.2008 | 20:48

Les détritus recommencent à s’entasser à Naples, une situation récurrente qui inspire diverses réactions à la population excédée : certains ont incendié dans la nuit de jeudi à vendredi des autobus pour protester contre la réouverture d’une décharge fermée depuis des années, tandis que d’autres mettent purement et simplement le feu aux ordures pour s’en débarrasser.

Des tonnes de déchets s’empilent depuis le 21 décembre dans les rues. Les éboueurs ne les collectent plus depuis lors, faute d’endroit où les entreposer. Les travaux en vue de la réouverture de la décharge de Pianura, fermée depuis des années, a provoqué la colère des riverains redoutant les nuisances de ce type d’activité.

Jeudi, des habitants ont bloqué une rue en signe de protestation et au cours de la nuit de jeudi à vendredi, quatre autobus vides ont été incendiés. Vendredi, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant l’Hôtel de Ville de Naples. Certains sont montés sur le balcon central et le toit, déployant des banderoles pour protester contre la réouverture de la décharge et exigeant une véritable politique de recyclage des déchets.

Les manifestants ont également accroché aux arbres et lampadaires des mannequins de chiffon à l’effigie des responsables régionaux et municipaux, dont le maire de Naples Rosa Russo Iervolino.

Des Napolitains, de leur côté, pensent avoir trouvé une solution : ils brûlent les détritus et les feux de poubelle se multiplient. La combustion de substances chimiques, parfois toxiques, alourdit encore l’air déjà chargé par les émanations des déchets.

« Les ordures s’entassent devant notre immeuble », explique Angela Sepe, une Napolitaine. « Je ne descends plus pour vider les ordures mais je les jette par la fenêtre parce qu’elles ont déjà atteint la hauteur du premier étage », témoigne-t-elle.

La Campanie, région du sud de l’Italie qui abrite la luxueuse côte Amalfi mais aussi les bidonvilles de Naples, a dû faire face ces dernières années à de nombreuses crises similaires. Les décharges se remplissent et les communautés locales bloquent les efforts pour en créer de nouvelles ou installer des sites provisoires. En 2004, cette question avait suscité plusieurs semaines de manifestations.

Selon les conclusions d’une commission parlementaire, inefficacité et corruption entachent le fonctionnement de l’office mis en place en 1994 pour gérer la question des déchets à Naples. Le ministre italien de l’Environnement Antonio Pecoraro Scanio, un des plus vifs détracteurs de l’office, met aussi en cause l’« écomafia », allusion à la forte implantation de la Camorra, la mafia napolitaine, dans la collecte et le recyclage des ordures.

« Les écomafias sont derrière les feux qui brûlent à Naples et qui sont allumés pour brûler les déchets accumulés. Cela créé le chaos, dans lequel la Camorra est toujours vainqueur », accuse-t-il.

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

Visitez le site de l’Associated Press.

Revenir en haut