« Pandora Papers » : plusieurs chefs de gouvernement mis en cause pour évasion fiscale

Lundi 4 octobre 2021

« Pandora Papers » : plusieurs chefs de gouvernement mis en cause pour évasion fiscale

Le Premier ministre tchèque et le roi de Jordanie ont dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, selon les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).

Par L’Obs avec AFP Publié le 3 octobre 2021 à 19h55

Plusieurs dirigeants, dont le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les présidents du Kenya et d’Equateur, ont dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d’évasion fiscale. C’est ce que révèle une nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), publiée ce dimanche 3 octobre.

L’enquête, baptisée « Pandora Papers », à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes répartis dans 117 pays, s’appuie sur quelque 11,9 millions de documents, qui proviennent de 14 sociétés de services financiers. Elle a mis au jour plus de 29 000 sociétés offshores.

Sociétés offshore et résidences de luxe

Le consortium, déjà à l’origine des révélations sur les « Panama Papers », épingle notamment le roi Abdallah II de Jordanie et ses multiples résidences de luxe. Le monarque a créé au moins une trentaine de sociétés offshore, c’est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse, afin d’acheter 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars. Pour acquérier l’une d’elles, estimée à 23 millions de dollars, le dirigeant a eu recours à une société domiciliée aux Îles Vierges britanniques.

Andrej Babis, le Premier ministre tchèque, a placé 22 millions de dollars dans des sociétés écran qui ont servi à financer l’achat du château Bigaud, une grande propriété située à Mougins, dans le sud de la France. Le dirigeant européen en aura même acquis sept autres grâce à une autre société écran monégasque. Autant de sociétés-écrans et de maisons qui n’apparaissent pas dans ses déclarations de patrimoine, soulignent les journalistes de l’ICIJ.

Quant au président équatorien, Guillermo Lasso, il a lui logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud. Les banques européennes toujours aussi actives dans les opaques paradis fiscaux

Des proches de Poutine mentionnés

Les noms de Tony Blair et sa femme Cherie apparaissent aussi dans les « Pandora Papers ». Le couple est devenu propriétaires à Londres d’un immeuble victorien d’une valeur de 8,8 millions de dollars. Mais c’est en rachetant les parts d’une société des Îles Vierges britanniques qui détenait le bien, qu’ils en ont fait l’acquisition. Un montage qui leur a permis d’économiser 400 000 dollars de taxes foncières en Angleterre…

On trouve aussi les noms de plusieurs personnalités russes proches de Vladimir Poutine. Au total, des liens ont été établis par l’ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan, qui ont créé près de 1 000 sociétés, dont plus des deux tiers aux Iles Vierges britanniques. Parmi les personnalités exposées, se trouvent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar.

Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais dans le cas des dirigeants, l’ICIJ met en parallèle le discours anti-corruption tenu par certains d’entre eux avec leurs placements dans des paradis fiscaux.

Créé en 1997 par le Centre américain pour l’intégrité publique, l’ICIJ est devenu une entité indépendante en 2017. Son réseau compte 280 journalistes d’investigation dans plus de 100 pays et territoires, ainsi que quelque 100 médias partenaires.

Par L’Obs avec AFP

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