Paradis fiscaux : Londres, Washington et Canberra passent à l’offensive

Vendredi 10 mai 2013

Paradis fiscaux : Londres, Washington et Canberra passent à l’offensive

LE MONDE | 10.05.2013 à 10h09

Par Anne Michel

C’est un nouveau coup de semonce pour les paradis fiscaux, ces trous noirs de la finance mondiale où vient se cacher l’argent issu de l’évasion et de la fraude fiscales. Les grands pays du G20 semblent désormais vouloir les « discipliner ».

Un mois tout juste après les révélations de l’enquête OffshoreLeaks – à laquelle a participé Le Monde – les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont annoncé de concert, jeudi 9 mai, avoir mis la main sur des données comparables à celles obtenues par le consortium d’investigation américain ICIJ qui fut à l’origine de l’OffshoreLeaks.

Ces données portent sur la création de sociétés offshore, par des entreprises et par des individus, dans les îles Caïmans, les îles Vierges britanniques et les îles Cook, ainsi qu’à Singapour. Soit exactement le même sujet et le même périmètre que ceux couverts par l’OffshoreLeaks.

Selon l’ICIJ, il pourrait d’ailleurs s’agir des mêmes fichiers, même si les données entre les mains des trois pays semblent plus volumineuses encore. Un proche du fisc britannique a confirmé au Monde que cela « semble être le cas ». Jamais les Etats n’avaient accédé à des données d’une telle ampleur.

Selon l’administration fiscale du Royaume-Uni, les fichiers informatiques en possession des trois Etats représentent, en termes de masse de données, 400 gigaoctets. Pour l’OffshoreLeaks, ce chiffre s’élevait à 260, soit l’équivalent de 160 WikiLeaks – l’affaire de câbles diplomatiques divulgués en 2010. Ces données avaient alors permis la mise au jour de plus de 122 000 sociétés opaques.

Le fait que ces fichiers secrets soient entre les mains d’Etats, et non plus seulement de journalistes – qui, tenus à la protection des sources, ne pouvaient les livrer au fisc ou à la justice – annonce des heures difficiles pour les fraudeurs, qui n’ont pas déclaré les fonds déposés sur les comptes de ces sociétés.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie précisent ainsi qu’ils ont commencé à travailler ensemble, pour remonter jusqu’aux propriétaires réels de ces sociétés offshore, dissimulés derrière des prête-noms (des actionnaires et des dirigeants fictifs). Une coopération d’un genre et d’une importance inédits. Lire la suite sur le site du journal Le Monde.

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