Paradis fiscaux, le secret du bingo….

Dimanche 16 mars 2008

ARGENT

Paradis fiscaux, le secret du bingo

vendredi 14.03.2008, 13:05 / La voixeco.com

Une fraude à grande échelle au Liechtenstein repose la question des paradis fiscaux. Pour échapper à l’impôt, nombre d’individus et de sociétés placent leur argent dans ces places financières. Où sont ces paradis ? Quel rôle jouent-ils dans l’économie ?

Vous recherchez le paradis sur terre ? Les agents de voyage peuvent sortir leurs catalogues. Et avec un peu de chance, derrière le lagon azur et la plage de cocotiers, vous aurez une, deux, trois et jusqu’à des dizaines de banques fin prêtes à accueillir vos capitaux. En toute discrétion évidemment. Bienvenue au paradis. Au paradis pour vos radis ! Ce n’est pas complètement un hasard si les paradis fiscaux, c’est ainsi qu’on les désigne, sont aussi souvent des îles paradisiaques.

Après 1945, Britanniques et Néerlandais cherchent des solutions pour dynamiser l’économie de toutes ces petites miettes de leurs empires coloniaux. Des miettes exotiques, ensoleillées, avec très peu de ressources naturelles. Les ressources, ils vont les faire venir.

Antique idée

Bahamas, Bermudes, Îles Caïman, mais encore Hong-Kong, Singapour, Îles anglo-normandes, ces territoires se voient dotés d’un régime fiscal spécial. L’idée n’est pas neuve. Les marins grecs ou phéniciens de l’Antiquité négociaient déjà leurs marchandises de préférence dans des ports où les taxes étaient plus faibles.

Aujourd’hui, on estime à une soixantaine le nombre de paradis fiscaux dans le monde. Vieilles principautés, archipels isolés, c’est pour leur stabilité politique et leurs facilités d’accès que ces places financières gagnent leurs clés.

En quelques décennies, ils sont devenus un rouage essentiel de l’économie mondiale. En 2005, on estimait à près de 4 500 milliards d’euros les actifs placés dans ces pays. Entreprises et particuliers y trouvent en effet le moyen de payer moins d’impôts, et ce sans forcément entrer dans l’illégalité. Mais la discrétion de mise a attiré une toute autre espèce d’investisseurs. À Nauru, petit archipel du Pacifique, sont domiciliées plus de 400 sociétés russes. Nauru est sans doute inconnu du Moscovite moyen. Pas de la mafia.

Et c’est là que le bât blesse. Non seulement les paradis fiscaux privent nombre d’États de recettes fiscales considérables - ces derniers peuvent dès lors se transformer en enfers fiscaux pour les contribuables ! -, mais encore ils font trop souvent le jeu de l’économie du crime et de la drogue.

Depuis quelques années, des instances internationales (FMI, Nations Unies) s’attachent à imposer plus de transparence. Mais ces paradis-là aiment bien trop les nuages.

CHRISTIAN CANIVEZ

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