Pierre Pasqua revenu en France après un « changement de climat »

Mardi 16 octobre 2007

Société

Pierre Pasqua revenu en France après un « changement de climat »

AP | 15.10.2007 | 18:48

C’est « d’abord un changement de climat » en France qui a motivé le retour de Pierre Pasqua pour y être jugé par le tribunal correctionnel de Paris dans une affaire de détournements de fonds présumés au détriment de la Sofremi, société sous tutelle du ministère de l’Intérieur, entre 1993 et 1995.

Exilé en Tunisie depuis fin 1999, Pierre Pasqua a déclaré mardi au tribunal que « c’est d’abord un changement de climat dans ce pays » qui l’avait poussé à venir s’expliquer devant la justice, alors qu’il avait toujours refusé de répondre à toutes les convocations du juge d’instruction.

"J’avais peur, Monsieur le président, j’avais peur« , a-t-il insisté, figure massive rappelant celle de son père, l’accent en moins. »Il y a sept ans une campagne a été lancée contre Charles Pasqua. Le fils Mitterrand était incarcéré. Par symétrie, il était prévu que le fils Pasqua le soit".

Pierre Pasqua a par ailleurs nié avoir ouvert un compte dans une banque suisse sur lequel auraient été versés neuf millions de francs (1,35 millions d’euros) de commissions en marge d’un contrat entre la Sofremi et la police colombienne.

"Je suis tombé des nues en lisant le dossier. Pour moi, cet argent provenait d’affaires faites en Corée avec Etienne Leandri« , a expliqué M. Pasqua précisant que ce compte qu’il n’avait jamais ouvert, lui avait été transmis par cet intermédiaire lorsque celui-ci, gravement malade, »mettait de l’ordre dans ses affaires".

La justice soupçonne l’homme d’affaires Pierre Falcone d’être intervenu pour la conclusion de ce marché colombien et d’avoir versé 13 millions de francs de commissions (1,95 million d’euros) à Leandri qui en aurait reversé une partie à Pierre Pasqua.

Une accusation niée en bloc par M. Falcone qui reconnaît certes avoir versé cette somme à M. Leandri mais affirme lui avoir donné un million de francs pour la fourniture d’informations importantes et 12 millions pour contrecarrer une tentative de déstabilisation lancée par une société américaine à quelques jours de la signature du contrat.

N’ayant touché qu’un million de francs pour couvrir ses frais, Pierre Falcone affirme avoir « perdu de l’argent dans cette opération » qui a mobilisé ses forces pendant trois ans. Il se rappelle cependant de cette intervention avec « fierté » et dit avoir agi par « patriotisme ».

Etienne Leandri est présenté par des protagonistes du dossier comme un proche de Charles Pasqua, un intermédiaire qui « déverrouillait » les situations les plus compliquées. Pierre Pasqua a affirmé au contraire que Léandri connaissait à peine son père.

L’accusation soutient que ces commissions, étrangères à toutes les activités de Leandri avec la Sofremi, ont renfloué les caisses des Editions du Quotidien du Maire, tenues par un proche de Charles Pasqua, déficitaires quasi-continuellement. Et ont également atterri sur les comptes suisses de Pierre-Philippe Pasqua ou de Bernard Guillet, le conseiller diplomatique de Charles Pasqua.

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

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