Rwanda : « L’Elysée a donné l’ordre de réarmer les génocidaires »

Lundi 26 juin 2017

Rwanda : « L’Elysée a donné l’ordre de réarmer les génocidaires »

Jean-Baptiste Naudet Publié le 26 juin 2017 à 08h21

INTERVIEW. Patrick de Saint-Exupéry affirme dans la revue « XXI » qu’à l’été 1994, alors que le génocide est connu, Paris va envoyer des armes au régime hutu.

Dans le prochain numéro de la revue « XXI », intitulé « Nos crimes en Afrique », Patrick de Saint-Exupéry, journaliste renommé à l’origine de nombreuses informations exclusives sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda de 1994, fait de nouvelles révélations stupéfiantes : non seulement Paris a soutenu le régime criminel hutu, mais l’Elysée a donné l’ordre, après le génocide, de réarmer les génocidaires. Interview.

[…] Nous sommes à l’été 1994, en pleine opération militaire française Turquoise, au moment où l’on sait que le génocide a bien eu lieu, au moment où l’ONU l’a reconnu.

[…] De qui vient la directive de réarmer les génocidaires ?

Ce que l’on sait, ce que dit ce fonctionnaire qui a été chargé de lire les archives, c’est que la directive a été confirmée par une note manuscrite d’Hubert Védrine qui était à l’époque le secrétaire général de l’Elysée.

La question des armes est importante. On présente toujours ce génocide comme ayant été réalisé avec des machettes mais on occulte volontairement, dans le discours officiel, l’utilisation régulière et récurrente des grenades, des fusils mitrailleurs, des armes lourdes qui ne venaient pas de nulle part. L’autorité, les uniformes, les armes étaient des éléments indispensables pour pousser toute une population à massacrer ses voisins. Et l’armée hutue, les Forces armées rwandaises (FAR), a été encadrée, de 1990 à 1993, sur ordre de l’Elysée, par les militaires français.

Mais quels Français étaient à la manœuvre dans ce dossier ?

Plus les choses avancent, plus on se rend compte qu’Hubert Védrine et un certain nombre d’autres personnes veulent imposer une version de l’histoire, leur version. Et pour ce faire, ils bloquent systématiquement toute possibilité de discussion.

Pour vous, la responsabilité française ne fait pas de doute ?

Il y a une implication extrêmement importante et, à vrai dire, mystérieuse des plus hautes autorités françaises dans les événements du Rwanda. A Paris, on sait tout très vite mais on ne veut pas le voir, ce qui est très différent. Lire la suite.

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