Soupçon de financement libyen de Sarkozy : le fils de Guéant en garde à vue

Mercredi 1er avril 2015

Soupçon de financement libyen de Sarkozy : le fils de Guéant en garde à vue

Publié31-03-2015 à 17h57 Mis à jour le 01-04-2015 à 10h22

Paris (AFP) - Le fils de Claude Guéant, François Guéant, est en garde à vue depuis lundi matin dans le dossier des accusations de financement de campagne de Nicolas Sarkozy par la Libye de Mouammar Kadhafi, a-t-on appris mardi de sources judiciaire et proche de l’enquête.

François Guéant est interrogé sur divers « mouvements financiers », bien plus que sur la vente des tableaux flamands de Claude Guéant qui valent à l’ancien ministre de l’Intérieur d’avoir été mis en examen début mars pour blanchiment de fraude fiscale, faux et usage de faux, a précisé à l’AFP une source proche du dossier qui confirmait une information d’iTÉLÉ.

Sa garde à vue peut durer jusqu’à mercredi matin. A son issue, cet avocat de 39 ans, élu au Conseil régional de Bretagne, pourrait être laissé libre sans poursuites ou présenté à un juge d’instruction qui pourrait décider de le mettre en examen, ou non.

Les domiciles genevois de l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, réputé proche du pouvoir sous Nicolas Sarkozy, et d’un banquier franco-yéménite ont par ailleurs été perquisitionnés la semaine dernière à la demande et en présence d’enquêteurs français, a dit une source proche de l’enquête, comme l’ont révélé les journaux Charlie Hebdo et Le Temps.

Ce banquier a travaillé pour une banque privée liée au Crédit agricole en Suisse, selon une autre source proche du dossier. Sollicité à Paris, le Crédit agricole n’a pu être joint mardi.

Cité par le quotidien suisse, le procureur genevois Jean-Bernard Schmid a évoqué une « problématique de versement de commissions ».

Plusieurs anciens dignitaires libyens, dont Mouammar Kadhafi, ont porté ces accusations de financement occulte de la campagne électorale présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007. D’autres les ont démenties. De son côté, l’ancien chef de l’État nie avec force un tel financement.

En l’état des investigations, les faits reprochés à Claude Guéant ne semblent pas liés à un quelconque financement libyen, mais concernent la cession de deux toiles du peintre flamand du XVIIe siècle Andries van Eertvelt.

Au centre des interrogations, un virement de 500.000 euros parvenu le 3 mars 2008 sur le compte de l’ex-secrétaire général de l’Elysée, qui explique qu’il s’agit du prix versé par l’acquéreur, Rajendram Sivajeth, un avocat malaisien qui n’a pu être interrogé. Plusieurs experts ont estimé ces toiles à une somme très inférieure, évoquant 20.000 à 30.000 euros pièce.

  • Les enquêteurs s’intéressent à Djouhri -

Or, Rajendram Sivajeth, représentant légal d’une cinquantaine de sociétés étrangères dans son pays, a reçu sur son compte à Kuala Lumpur une somme quasiment équivalente, quelques jours plus tôt, virée par un homme d’affaires saoudien, Khalid Bugshan, également mis en examen début mars.

Le nom de Khalid Bugshan était apparu dans l’affaire Karachi, autre dossier politico-financier portant sur le financement de la campagne présidentielle malheureuse d’Édouard Balladur en 1995 via des rétrocommissions présumées sur un contrat d’armement avec l’Arabie saoudite, Sawari II.

Dans un ouvrage en 2011, l’intermédiaire Ziad Takieddine, rival d’Alexandre Djouhri, avait fait état des liens entre ce dernier et le groupe Bugshan, s’attirant les menaces de poursuites en diffamation du Français.

Devant les enquêteurs, Claude Guéant a affirmé ne pas connaître Khalid Bugshan. Malgré des échanges téléphoniques entre les deux hommes selon une source proche du dossier, l’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy a relativisé ses liens avec Alexandre Djouhri, selon une autre source. Il l’a décrit comme « un apporteur d’affaires » rencontré en 2006, quand il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, a-t-elle ajouté.

Dans un ouvrage qui lui était notamment consacré, « La République des mallettes », le journaliste d’investigation Pierre Péan décrivait Alexandre Djouhri comme un intermédiaire proche du pouvoir sous Nicolas Sarkozy après avoir été proche des chiraquiens.

Contacté, l’avocat d’Alexandre Djouhri, Pierre Cornut-Gentille, s’est refusé à tout commentaire.

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