Sous-marins vendus à la Malaisie : mise en examen de l’ancien patron de la DCNI

Vendredi 1er avril 2016

Sous-marins vendus à la Malaisie : mise en examen de l’ancien patron de la DCNI

Elisabeth Studer

Malaise autour de la Malaisie ? L’ancien président de la DCNI, filiale internationale de la Direction des constructions navales (DCN), Dominique Castellan, a été mis en examen pour corruption dans l’enquête – débutée en 2010 – sur des ventes de sous-marins à la Malaisie en 2002. Une information recueillie par l’AFP auprès de sources concordantes. Lesquelles ont précisé que l’ancien dirigeant a été mis en examen le 1er mars pour corruption active d’agents publics étrangers et abus de biens sociaux.

Dans le cadre de cette affaire, la justice soupçonne que l’ancien ministre de la Défense malaisien, Najib Razak, aujourd’hui Premier ministre, ait pu être corrompu via l’un de ses conseillers, Abdul Razak Baginda à travers des commissions, le tout sous couvert de contrats de consultant.

A noter qu’en décembre 2015, l’ancien président de Thalès International Asia (Thint Asia), Bernard Baïocco, a quant à lui été mis en examen pour corruption d’agents publics étrangers, en l’occurrence Najib Rakaz et Abdul Razak Baginda.

Le cœur du dossier initié par la plainte d’une ONG malaisienne, Suaram  : la vente, en 2002, après plusieurs années de négociations, par Armaris, filiale commune de DCN et de Thales, associée à l’espagnol Navantia, de deux sous-marins Scorpène et d’un sous-marin Agosta à la Malaisie, pour près d’un milliard d’euros (920 millions). Ainsi que la signature, dans la foulée par Kuala Lumpur d’un contrat de 115 millions d’euros avec une entreprise malaisienne, Perimekar, chargée d’assurer le « soutien logistique » de l’opération.

En marge de la négociation, un contrat signé en août 2000 et baptisé « C5 ingénierie commerciale », prévoyait quant à lui le versement par la DCNI – filiale de la DCN détenue totalement à l’époque par l’Etat français – de 30 millions d’euros à Thalès International Asia. Mais,selon les résultats de l’enquête, une autre société, Terasasi, dont l’actionnaire principal était le conseiller du ministre malaisien de la Défense, Abdul Razak Baginda, avait reçu une somme d’un montant quasi identique pour des consultations sur le dossier.

Les enquêteurs soupçonnent ces « consultations » d’être ni plus ni moins que des stratagèmes permettant de maquiller des pots-de-vins. Lors des auditions, le juge Roger Le Loire se serait ainsi interrogé à plusieurs reprises sur l’utilité des rapports rédigés au sein de Terasasi pour justifier le versement de la somme.

« Nous réservons nos déclarations au juge d’instruction », a toutefois déclaré à la presse l’avocat de M. Castellan, Me Alexis Gublin. « Le périmètre des responsabilités se dessine. Reste à identifier les bénéficiaires des commissions », a déclaré pour sa part l’avocat de l’ONG Suaram, Me William Bourdon. Lire la suite.

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