USA : le dénonciateur d’UBS pourrait sortir de prison tout cousu d’or

Lundi 4 janvier 2010

USA : le dénonciateur d’UBS pourrait sortir de prison tout cousu d’or

Bradley Birkenfeld, l’ex-employé américain de la banque suisse UBS qui a dénoncé au fisc des milliers de fraudeurs, pourrait sortir de prison richissime, grâce à la récompense prévue aux Etats-Unis pour les délateurs, a rapporté dimanche la chaîne de télévision CBS.

AFP - le 04 janvier 2010, 01h10

Bradley Birkenfeld, l’ex-employé américain de la banque suisse UBS qui a dénoncé au fisc des milliers de fraudeurs, pourrait sortir de prison richissime, grâce à la récompense prévue aux Etats-Unis pour les délateurs, a rapporté dimanche la chaîne de télévision CBS.

M. Birkenfeld a été condamné en août dernier à trois ans et quatre mois de prison après avoir plaidé coupable d’incitation à la fraude fiscale. Il sera incarcéré à partir de vendredi, a indiqué la chaîne dans son émission « 60 minutes ».

L’ancien banquier, interrogé par CBS, s’estime injustement puni car il affirme avoir dénoncé au fisc américain 19.000 clients d’UBS, chez qui ces derniers auraient investi environ 20 milliards de francs suisses (13,5 milliards d’euros).

« Je suis le seul à aller en prison, sur un total de 19.000 comptes en banque. Et pas un seul banquier suisse », dénonce le condamné. « Je leur ai livré le plus gros scandale de fraude fiscale du monde. J’ai démasqué 19.000 criminels internationaux. Et je vais en prison pour ça ? »

Mais selon un de ses avocats interrogé par la chaîne, M. Birkenfeld pourrait toucher une récompense pour sa dénonciation, allant jusqu’à 30% des sommes récupérées par le fisc, comme le prévoit la législation américaine.

Or, un des procureurs chargés de l’affaire estime que le fisc s’attend à récupérer plusieurs milliards de dollars. A la suite d’un long bras de fer entre Washington et Berne, qui défendait bec et ongles son secret bancaire, UBS a en effet accepté en août de transmettre au fisc américain 4.450 noms de personnes soupçonnées de fraude.

M. Birkenfeld a cependant été condamné pour avoir omis de dénoncer son plus gros client, le promoteur immobilier californien Igor Olinicoff, qu’il a aidé à cacher 200 millions de dollars d’actifs en Suisse et au Lichtenstein. Sur CBS, M. Birkenfeld explique qu’il a mis M. Olinicoff en contact avec un « consultant » spécialisé dans la création de sociétés-écran qui permettent de dissimuler la véritable identité des titulaires de comptes.

L’ancien banquier estime qu’environ 90% de ses clients plaçaient leur argent chez UBS afin d’échapper au fisc de leur pays.

Il revient aussi sur les différentes techniques employées selon lui par son ancienne entreprise pour placer discrètement l’argent des clients étrangers.

Les clients « nous demandaient par exemple de leur acheter une voiture, ou un chalet, ou encore une belle montre », raconte-t-il. M. Birkenfeld explique qu’il a ainsi acheté des diamants à Genève avant de les transporter dans un tube de dentifrice pour les remettre à un client qui les attendait aux Etats-Unis.

M. Birkenfeld détaille d’autres moyens d’échapper à la vigilance des autorités : pas question d’adresser un relevé de compte directement à un client à l’étranger ni même de lui fournir un accès internet à son compte. Ces relevés étaient dissimulés dans un coffre en Suisse jusqu’au jour où les clients venaient eux-mêmes les consulter : « soit ils les emportaient, ce qui était rare, soit ils nous demandaient de les passer au broyeur ».

Afin d’échapper à la vigilance des autorités envers des banquiers sans licence d’activité aux Etats-Unis, les employés d’UBS se rendaient dans le pays sous prétexte de voyages d’agrément, au cours desquels ils se débrouillaient pour rencontrer des clients ou de futurs clients lors d’événements mondains comme le festival Art Basel de Miami, selon CBS.

Les ordinateurs portables de ces banquiers étaient cryptés afin d’échapper à un éventuel contrôle, affirme M. Birkenfeld, qui pense ne jamais remettre les pieds en Suisse.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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