Une banque américaine a aidé Pinochet à dissimuler des millions de dollars

Jeudi 15 juillet 2004 — Dernier ajout jeudi 12 juillet 2007

Une banque américaine a aidé Pinochet à dissimuler des millions de dollars

Guinée Equatoriale

WASHINGTON, 15 juil (AFP) - 22h12 - La banque américaine Riggs a aidé l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet à dissimuler des millions de dollars entre 1994 et 2002, dont 1,6 million transférés de Londres à Washington après son arrestation en 1998 en Angleterre, selon un rapport parlementaire américain. Présenté jeudi au Sénat, ce document souligne que ce transfert violait une décision de la justice britannique imposant un gel des avoirs de Pinochet.

"Alors que Pinochet était détenu à Londres (…) et qu’une cour avait ordonné de geler ses comptes bancaires, Riggs l’a tranquillement aidé à transférer des fonds de Londres aux Etats-Unis", a dénoncé le sénateur Carl Levin, en présentant le rapport devant une sous-commission d’enquête du Sénat.

Le transfert a été autorité en mars 1999 alors que l’ancien chef d’Etat chilien était détenu en raison d’une demande d’extradition d’un juge espagnol, Baltasar Garzon, voulant le faire juger pour crimes contre l’humanité.

Selon le parlementaire, c’est la banque Riggs qui avait pris l’initiative de contacter en 1994 l’ex-dictateur, au pouvoir entre 1973 et 1990, pour lui proposer l’ouverture d’un compte à Washington. « Pinochet a répondu oui ». La banque l’a aussi aidé à établir deux sociétés aux Bahamas, dénommées Ashburton et Althorp, lui permettant d’ouvrir d’autres aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, a précisé le sénateur.

Entre 1994 et 2002, « Pinochet a déposé entre quatre et huit millions de dollars sur ses comptes à la Riggs », a ajouté le sénateur. « Inutile de préciser que (la banque) n’a averti ni la police, ni la justice, de leur existence », a-t-il lancé.

Pour le transfert de 1999, l’argent est passé d’un compte au nom d’Althorp à la banque Riggs de Londres « à un autre compte aux Etats-Unis », indique le rapport.

Lorsqu’un journal britannique a révélé en 2000 que l’ancien dictateur, retourné au Chili en mars de cette année-là, disposait de plus d’un million de dollars à la Riggs, la banque « a modifié le nom » de son compte pour devenir «  »A.P. Ugarte« , a précisé le sénateur Levin. »Nous ne pouvons permettre à notre système financier d’être mal utilisé par des dictateurs corrompus, des terroristes ou tout autre criminel", a-t-il ajouté, accusant la banque de ne pas avoir rempli ses obligations de lutte contre le blanchiment d’argent.

Le président de la banque américaine Riggs, Lawrence Hebert, présent lors de la présentation du rapport au Sénat, sans nier les faits, a assuré que sa banque n’avait pas participé à un blanchiment d’argent.

La Riggs a été condamnée en mai par les autorités de régulation américaines à 25 millions de dollars d’amende pour non respect de la loi sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, après la découverte d’irrégularités dans la gestion de comptes bancaires liés à des gouvernements étrangers, dont ceux d’Arabie Saoudite et de Guinée équatoriale.

© 2004 AFP.

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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