Une mise en demeure vise Total pour son activité en Ouganda

Mardi 25 juin 2019

Économie Entreprises

Une mise en demeure vise Total pour son activité en Ouganda

L’action engagée par Les Amis de la Terre, Survie et quatre ONG ougandaises est une première. La compagnie pétrolière ne respecterait pas la loi sur le devoir de vigilance.

Par Laurence Caramel Publié aujourd’hui à 10h32, mis à jour à 10h37

Mauvaise passe pour Total. Econduite par la Mairie de Paris pour devenir sponsor des Jeux olympiques de 2024, sommée de respecter ses engagements climatiques par plus d’une dizaine de collectivités locales et des ONG, la compagnie pétrolière est aujourd’hui mise en demeure pour ses activités en Ouganda. Et plus précisément pour les agissements de sa filiale et de ses sous-traitants au nom du devoir de vigilance auquel elle est tenue de s’astreindre depuis la promulgation de la loi sur les obligations des multinationales en mars 2017. L’action engagée, lundi 24 juin, par Les Amis de la Terre et Survie, auxquels se sont jointes quatre ONG ougandaises, est une première et pourrait déboucher sur une saisie de la justice si l’entreprise ne répond pas d’une manière jugée satisfaisante aux accusations portées contre elle d’ici trois mois.

« Jusqu’à présent, les multinationales avaient beau jeu de faire remonter les bénéfices de leurs filiales vers la société mère, mais jamais leurs responsabilités en matière de respect des droits humains ou de préservation de l’environnement. La loi sur le devoir de vigilance répare cette faille », rappelle Juliette Renaud, des Amis de la Terre.

Le texte oblige les sociétés de plus de 5 000 salariés à établir une cartographie précise des risques associés à leur activité et à détailler les mesures prises pour les prévenir dans un plan de vigilance rendu public.

Un niveau de risques très élevé

Or le projet Tilenga, développé par une filiale détenue à 100 % par Total aux abords du lac Albert en Ouganda, ne fait l’objet d’aucune attention spécifique dans le plan de vigilance de la première entreprise française, selon Les Amis de la Terre et ses partenaires. Il présente pourtant un niveau de risques très élevé, tout comme l’oléoduc qui acheminera le pétrole extrait au sein de l’aire naturelle protégée de Murchison Falls vers les côtes tanzaniennes, à 1 445 kilomètres de là. Pour la construction du East African Crude Oil Pipeline (EACOP), un ouvrage présenté comme « le plus long pipeline de pétrole brut chauffé au monde », la major française est associée à la société chinoise CNOOC et à la britannique Tullow Oil.

« Nous mettons en demeure Total d’établir un plan de vigilance qui prenne en compte les risques d’atteinte aux droits humains et à l’environnement engendrés par la construction de ces infrastructures », précise Thomas Borrel, de l’association Survie. Les reproches faits à Total sont énumérés dans un document d’une trentaine de pages. Lire la suite.

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