Des multinationales et d’autres se disputent les richesses de la Birmanie

Dimanche 30 septembre 2007

30/09/2007 12:17

BANGKOK (AFP) - Des multinationales et d’autres se disputent les richesses de la Birmanie

En dépit de la dictature militaire en Birmanie et de sanctions américaines et européennes limitées, d’importantes entreprises internationales continuent de se disputer les ressources naturelles de ce pays, notamment le gaz, fournissant ainsi aux généraux les moyens de survivre.

Les géants Chevron (Etats-Unis), Total (France) et la China National Petroleum Corporation sont toujours actifs en Birmanie où « les profits vont au régime », déplore Debbie Stothard, coordinatrice en Asie du Sud-Est d’un groupe de pression militant en faveur du mouvement démocratique.

« Ces compagnies ne sont pas préoccupées par les droits de l’Homme et par ce qui se passe à Rangoun », affirme-t-elle.

Il y a quelques jours, alors que le régime commençait à réprimer des manifestations, le président américain George W. Bush annonçait de nouvelles sanctions ciblées contre des responsables de la junte birmane. De son côté, le président français Nicolas Sarkozy demandait aux sociétés françaises, dont Total, de ne pas procéder à de « nouveaux » investissements.

Total détient 31% du projet de Yadana qui achemine du gaz de champs offshore dans la mer Andaman vers des centrales électriques en Thaïlande.

Le groupe français opère en partenariat avec l’entreprise d’Etat birmane Myanmar Oil and Gas Enterprise, la firme thaïlandaise PTTEP et l’américaine Unocal rachetée par Chevron. Celle-ci détient une participation de 28% dans le projet de Yadana.

D’autres compagnies énergétiques, comme la Nippon Oil Corp. (Japon), Daewoo International (Corée du Sud), Petronas (Malaisie), Gail India et Oil and Natural Gas Corp. (Inde), sont également en compétition pour des contrats portant sur des milliards de dollars.

En France, Total a déclaré qu’il avait « investi massivement sur le projet de Yadana il y a une dizaine d’années » mais qu’il n’avait « pas prévu d’autres investissements depuis ».

La Nippon Oil a dit qu’elle n’envisageait aucun changement dans ses opérations en Birmanie. « La situation politique et les affaires énergétiques sont des questions distinctes », a souligné un porte-parole à Tokyo.

Daewoo, qui a fait d’importantes découvertes de réserves de gaz, a affirmé via un porte-parole que si la Corée du Sud décrétait des sanctions, « nous aurions des recours ».

Outre le gaz, de nombreuses compagnies de Chine, d’Inde et de Thaïlande —grands voisins de la Birmanie— se disputent le teck et d’autres produits de la forêt, le jade et les pierres précieuses, ainsi que des produits textiles et agricoles.

"Chine et Thaïlande sont d’importantes acheteuses de teck et de jade« et des hommes d’affaires de ces pays »ne pensent qu’à leurs intérêts à court terme", regrette Aung Thu Nyein, analyste birman basé en Thaïlande.

La Thaïlande est le principal récipiendaire des exportations birmanes. De son côté, l’Inde, outre le gaz, a investi dans le développement d’infrastructures, notamment le port de Sittwe (ouest), tandis que des firmes indiennes sont également présentes en Birmanie dans les secteurs pharmaceutique et des télécoms.

La Russie, également très active en Birmanie, avait annoncé en mai avoir conclu un accord de coopération pour la création d’un centre de recherche nucléaire dans ce pays.

Il y a une dizaine d’années, l’Union européenne et les Etats-Unis ont imposé des sanctions limitées contre la Birmanie mais celles-ci ont surtout affecté la population, tandis que le régime profitait de la poursuite des affaires avec les pays voisins, admettent des diplomates occidentaux.

Si des sanctions plus larges sont décrétées, estime Aung Thu Nyein, « la communauté internationale doit être totalement unie, sinon ça ne servira à rien ».

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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