Moscou menace de rétorsions la Suisse si Sulzer rejette Vekselberg

Lundi 1er octobre 2007

ECONOMIE : Moscou menace de rétorsions la Suisse si Sulzer rejette Vekselberg

Date de parution : Lundi 1 octobre 2007

Auteur : Yves Genier

PARTICIPATION. Le gouvernement russe souhaite que Doris Leuthard fasse accélérer l’inscription des actions de l’oligarque sur le registre des actionnaires du groupe industriel zurichois.

La prise de pouvoir de Viktor Vekselberg dans le groupe industriel zurichois Sulzer adopte une tournure politique et risque de peser sur les relations entre Berne et Moscou. Selon deux journaux dominicaux alémaniques, NZZ am Sonntag et la SonntagsZeitung, le gouvernement russe menace de causer des ennuis aux entreprises suisses actives dans son pays si rien n’est entrepris pour que les titres aux mains de l’oligarque soient inscrits au registre des actionnaires de Sulzer.

Dans une lettre envoyée le 23 juillet dernier, le ministre russe de l’Economie d’alors, German Gref, soumet le problème à son homologue suisse Doris Leuthard. Après lui avoir signalé le blocage dans lequel se trouve l’inscription des actions de Viktor Vekselberg, il la prie de faire accélérer le processus. Faute de quoi le Kremlin pourrait rendre plus difficiles les investissements et la réalisation des projets d’expansion de sociétés suisses dans son pays.

Le président de Sulzer freine

Figurant parmi les principales fortunes de Russie et réputé proche de Vladimir Poutine, l’oligarque détient près de 32% du capital de Sulzer, sous la forme d’actions et d’options. Annoncée publiquement en avril dernier, sa participation reste cependant inopérante tant qu’elle n’est pas inscrite au registre des actionnaires, comme le prévoit le Code des obligations.

Cette inscription aurait normalement dû suivre l’annonce de la participation. Mais la structure compliquée adoptée par Viktor Vekselberg pour l’acquérir a donné les moyens au président en exercice de Sulzer, Ulf Berg, de la retarder.

L’oligarque russe œuvrait de concert avec les investisseurs autrichiens Ronny Pecik et Georg Stumpf au sein du groupe Everest. Ulf Berg a donc pu justifier le refus par de nombreuses questions encore en suspens. Pour débloquer le dossier, Ulf Berg a proposé à Viktor Vekselberg de s’abstenir d’intervenir pendant plusieurs années dans la définition de la stratégie du groupe et de soutenir le conseil d’administration.

Le rachat par le Russe, en août, de la moitié d’Everest détenu par les Autrichiens, aurait dû débloquer le dossier. Cela ne s’est pas produit. Sulzer a justifié la poursuite de son refus par le fait qu’elle devait attendre une décision de la Commission fédérale des banques (CFB). L’autorité de surveillance doit statuer sur l’emploi des options qui ont permis à Everest de porter soudainement sa participation à un niveau élevé sans que cela puisse être anticipé par Sulzer. Sa décision est attendue pour cet automne.

Au pire, elle pourrait prendre la forme d’une amende infligée à l’oligarque pour défaut d’annonces de prises de participations. Mais sa décision pourrait faire l’objet de recours susceptibles de bloquer le dossier quelques années encore.

Confrontée à cette bataille, Doris Leuthard a répondu de manière lénifiante à son homologue russe en garantissant que « les questions ouvertes devraient être réglées prochainement ».

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