Le fleuron français de l’épicerie fine Hédiard devient propriété russe

Jeudi 11 octobre 2007

11/10/2007 13:15

PARIS (AFP) - Le fleuron français de l’épicerie fine Hédiard devient propriété russe

L’enseigne Hédiard, fleuron français de l’épicerie fine fondée au 19è siècle par un amoureux des denrées exotiques, a été cédée au russe Luxadvor, qui devrait contribuer à accélérer sa croissance à l’étranger.

La cession, dont le montant n’est pas communiqué, a été signée mercredi entre Michel Pastor, propriétaire de Hédiard depuis 1995, et David Henderson-Steward, président de Luxadvor, a déclaré le groupe français, confirmant une information parue jeudi dans Les Echos.

Luxadvor, spécialisée dans le luxe, est contrôlée par le magnat russe Serguei Pugachev, influent en Russie à travers le conglomérat OPK, actif dans la construction navale, et la banque Mezhprombank.

L’arrivée du nouveau propriétaire intervient alors qu’Hédiard s’apprête à équilibrer ses comptes, après des années de pertes, comblées par Michel Pastor.

« Cette opération va nous donner les moyens financiers de nous développer comme nous le souhaitons », a commenté à l’AFP Jean-Claude Bronner, vice-président de l’enseigne française, qui pèse 30 millions d’euros de chiffres d’affaires.

« Les nouveaux investisseurs souhaitent que la marque continue d’évoluer comme elle l’a fait au cours des cinq dernière années, ils ne veulent pas casser la mécanique », a précisé M. Bronner, qui va rester à son poste, ainsi que Dominique Richard, le président de l’enseigne.

« Nous allons être rentable l’année prochaine et souhaitons réaliser 50% de notre chiffre d’affaires à l’étranger d’ici trois à cinq ans », a-t-il ajouté.

Fondée en 1854, l’enseigne est pourtant restée cantonnée à Paris pendant plus d’un siècle.

C’est Ferdinand Hédiard, né en 1832 près de Chartres, qui lance l’enseigne. A l’âge de 13 ans, il quitte son village natal de La Loupe comme Compagnon du Tour de France en tant qu’apprenti menuisier. Lors d’une halte au port du Havre, il découvre et goûte les bananes, goyaves, mangues …et décide de se lancer dans le commerce de produits exotiques.

Il installe sa charrette débordant de fruits exotiques Place des Victoires à Paris, et remporte un franc succès auprès des Parisiens.

Très vite il abandonne sa charrette pour une boutique dans le neuvième arrondissement de Paris, qu’il baptise le « Comptoir d’épices et des colonies ».

Il attire le chaland par des « trouvailles », comme la cannelle impériale, le safran, le clou de girofle, le curry de Pondichéry ou les vins de palme. De bouche à oreille, le magasin devient un lieu de rendez-vous, aidé par la politique d’expansion coloniale de la France.

Le magasin croule sous les dattes, galettes de riz, piments, ignames et autres choux Caraïbes. « Hédiard » est consacré en 1867 lors de la Première exposition universelle à Paris. La célèbre épicerie de la place de la Madeleine ouvre treize ans plus tard et deviendra le vaisseau amiral de l’enseigne.

Il faudra attendre 1950 pour voir de nouveaux points de vente à Paris puis en province, et la première internationale n’ouvrira qu’en 1973, au Japon.

Avec 200 points de vente à l’étranger, Hédiard réalise actuellement 25% de son chiffre d’affaires à l’étranger, dans une quarantaine de pays. La dernière ouverture date de septembre, à Singapour.

Dans les six prochains mois, l’épicier de luxe ouvrira une deuxième boutique en Arabie saoudite, et va s’implanter au Kazakhstan, en Lituanie, en Turquie et en Egypte.

« Si en France, Hédiard est actuellement populaire pour son champagne, son foie gras et son chocolat, à l’étranger, il est prisé pour son thé, ses confitures, ses pates de fruits et ses biscuits », a souligné M. Bronner.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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