Cette forme de délinquance nous touche tous

Dimanche 14 octobre 2007

Fait Du Jour

« Cette forme de délinquance nous touche tous »

St.A.

vendredi 12 octobre 2007 | Le Parisien

ÇA N’EST PAS la première fois que le débat est ouvert sur la dépénalisation du droit des affaires, mais cette fois on sent bien qu’ils veulent aller au bout. Remarquez, nos gars vont enfin pouvoir prendre leurs jours de récup… »

Spécialisé dans les affaires financières depuis près de vingt ans, l’officier de police judiciaire qui fait cette remarque analyse la situation avec humour et un brin de fatalisme. Comme tous ses collègues, il demande l’anonymat pour évoquer le sujet. « Si jamais l’abus de bien social (ABS) devient prescriptible et qu’on ne peut plus enquêter dessus trois ou même cinq ans après les faits, une bonne partie de notre boulot va s’arrêter et pas mal de gens vont pouvoir s’enrichir illégalement en toute tranquillité. »

« La particularité de notre travail par rapport à celui de la plupart de nos collègues, c’est que la matière sur laquelle nous travaillons est invisible, poursuit un commissaire spécialisé dans le financier . Un vol, un meurtre, et même un trafic de drogue, ça se voit, ça s’observe… A l’inverse, le monde de l’entreprise est un univers clos. Et très souvent, ce n’est que lorsque les dirigeants changent à la tête d’une société ou qu’un salarié est évincé et nous adresse des documents que nous découvrons des faits délictueux. »

« Salariés et contribuables payent l’addition »

Dans de très nombreux dossiers, les agissements passibles de poursuites remontent à de longues années. « C’est bien pour cela que si la loi change et que l’ABS ne peut plus faire l’objet d’enquêtes qui remonteraient à plus de trois ans, beaucoup de délits risquent de nous échapper », conclut cet enquêteur. « Le plus énervant dans tout cela, c’est que cette forme de délinquance nous touche tous, fulmine un autre policier. En bout de ligne, ce sont les salariés des sociétés et les contribuables qui payent l’addition. »

Publié avec l’aimable autorisation du journal Le Parisien.

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