Encore un compte suspect à la Fédération de la métallurgie

Samedi 13 octobre 2007

REVELATIONS.

Encore un compte suspect à la Fédération de la métallurgie

Elisabeth Fleury, François Vignolle et O.P.

samedi 13 octobre 2007 | Le Parisien

Les enquêteurs viennent d’apprendre que le patron de l’UIMM, numéro 2 du Medef, aurait fait 7 millions d’euros de retraits, en liquide, auprès de la banque Martin-Maurel. Avec celles de la BNP, les sommes prélevées de manière suspecte s’élèvent à 20 millions d’euros.

A MESURE que les enquêteurs de la brigade financière avancent dans le maquis des finances de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), la cagnotte de cette puissante organisation patronale grossit à vue d’œil. Il y avait déjà environ 13 millions d’euros, retirés en liquide entre 2000 et 2007, dans une agence BNP à Paris, grâce à des chèques cosignés par Denis Gautier-Sauvagnac, « DGS », patron de l’UIMM, et son administratrice.

Ces prélèvements suspects avaient fait l’objet d’une enquête Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins, la cellule antiblanchiment de Bercy) qui a abouti à l’ouverture d’une enquête préliminaire, en septembre, par le parquet de Paris.

Si, pour l’instant, la destination finale de ces nombreux flux financiers n’a pas encore été identifiée, les enquêteurs semblent privilégier l’hypothèse d’un financement occulte de certains syndicats. Toutes les grandes confédérations ont, jusqu’ici, nié avoir perçu de l’argent de l’UIMM, mais plusieurs sources proches du dossier indiquent qu’il s’agit toujours d’une piste de travail importante dans le cadre de cette enquête.

Premières auditions la semaine prochaine

Selon nos informations, 7 autres millions d’euros auraient été retirés, sur la même période, selon les mêmes modalités. Ces derniers jours, une responsable de la banque de gestion de patrimoine Martin-Maurel, dont le siège se trouve à Marseille, a contacté la cellule Tracfin. Les enquêteurs de Bercy l’ont renvoyée vers les magistrats du parquet de Paris qui supervise, aujourd’hui, les investigations. La banquière a confié qu’elle aurait alerté, dès 2002, la commission bancaire de prélèvements suspects effectués sur un compte de l’UIMM. Cette instance de contrôle des banques n’aurait pas donné suite. Les sommes prélevées par le patron de l’UIMM ou son administratrice avoisinent donc aujourd’hui 20 millions d’euros.

La brigade financière a, par ailleurs, saisi hier, 2 millions d’euros en liquide dans un coffre loué par l’UIMM. Les investigations vont se poursuivre pour identifier d’autres comptes inconnus. N’ayant aucune information, pour l’heure, sur les destinataires de ces espèces, les impôts devraient, de leur côté, engager une enquête fiscale sur le contribuable « DGS ». En ligne de mire : ses investissements (voir ci-dessous) et les mouvements financiers réalisés sur ses comptes. Selon une source proche de l’enquête, les premières auditions devraient débuter la semaine prochaine. Il s’agirait, dans un premier temps, d’entendre « des personnes en périphérie du dossier ». Outre l’hypothèse des syndicats, aucune piste n’est totalement écartée : financement de partis politiques, frais de représentations, enrichissement personnel… A l’issue de ces premiers interrogatoires, le parquet de Paris pourrait décider de l’ouverture d’une information judiciaire, confiant ainsi à un juge d’instruction la suite de l’enquête.

Ces dernières découvertes sur les comptes de l’IUMM interviennent alors que le numéro deux du Medef négocie avec les syndicats sur la très sensible question de la réforme du travail. Une réunion exceptionnelle de l’UIMM s’est tenue, hier soir, pour informer l’ensemble des membres du bureau de la situation actuelle qui vise leur patron.

Publié avec l’aimable autorisation du journal Le Parisien.

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