PSG : les juges chez les agents de joueurs

Jeudi 10 mars 2005 — Dernier ajout mardi 21 avril 2009

PSG : les juges chez les agents de joueurs

Une dizaine ont été perquisitionnés hier dans le cadre de l’enquête sur des transferts douteux.

Par Renaud LECADRE

jeudi 10 mars 2005 (Liberation - 06:00)

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset ont procédé hier à une rafle dans le milieu des agents de joueurs de football. Une dizaine d’entre eux ont été perquisitionnés. Les enquêteurs se contentant de récupérer des documents, sans garde à vue ni mise en examen.

L’information judiciaire, ouverte en janvier, concerne le Paris Saint-Germain entre 1998 et 2003 (son actuel président, Francis Graille, est partie civile), période durant laquelle le club a englouti 230 millions d’euros dans des transferts toujours plus alambiqués ­ sociétés offshore, commissions baladeuses… Mais, compte tenu de l’entregent et de la personnalité de cette poignée d’agents qui monopolisent l’essentiel des transferts au sein du championnat, c’est tout le foot-business français qui risque d’être éclaboussé.

Comptes bloqués. « Van Ruymbeke va à la pêche », résume un proche du dossier, et Dieu sait jusqu’où cela ira. A tout seigneur tout honneur, Pape Diouf figure en tête de liste. Longtemps agent numéro 1 en France (d’abord de joueurs blacks exclusivement, puis d’un peu tout le monde), il est, depuis l’été 2004, manager général de l’Olympique de Marseille. Son écurie de footballeurs a été reprise par Pierre Freulot, ancien directeur financier du… PSG, également perquisitionné hier. De quoi entretenir la confusion entre agents de joueurs et dirigeants de clubs et nourrir la rumeur ­ non démontrée ­ que tout le monde touche sur les transferts, l’agent reversant alors une partie de sa commission (10 %).

Au Paris Saint-Germain, Diouf s’était chargé de la revente de l’attaquant Laurent Robert à Newcastle, en Angleterre, cet eldorado pour joueurs français. L’agent William Mac Kay, un Ecossais basé à Monaco, est réputé faire la pluie et le beau temps sur ces transferts transmanche. On lui doit notamment le départ de Nicolas Anelka du PSG à Manchester City. Perquisitionné hier, Mac Kay avait été entendu la semaine dernière sans être placé en garde à vue. Un bon point pour lui, mais ses comptes bancaires ont néanmoins été bloqués à Monaco.

Richard Bettoni est un cas à lui tout seul. Cible de lettres anonymes, non titulaire de la licence d’agent sportif ­ ce qui lui interdit théoriquement de se mêler de transferts­, il fait tandem avec le Serbe Ranko Stojic (après avoir fait équipe avec Jean Tigana, candidat déçu au poste d’entraîneur de l’équipe de France), qui, lui, est licencié. On leur doit, en début de saison, le transfert de Frédéric Dehu et de Fabrice Fiorese du PSG à l’OM. Les deux clubs, théoriquement ennemis jurés du ballon rond, s’entendent comme larrons en foire dès qu’il est question de gros sous. Gilbert Sau, autre cible de la rafle d’hier, a émergé sous l’ère Tapie à l’OM et prospère toujours sous l’ère Louis-Dreyfus. Preuve vivante, s’il en est, que les moeurs footballistiques sont plus tenaces que les présidents.

Dirigeants. Compte tenu de la valse endiablée des transferts d’un club à l’autre, l’enquête, certes focalisée sur le PSG, risque d’en toucher plus d’un. Signe de leur volonté de ratisser large, les enquêteurs ont récupéré le dossier de 400 transferts, même si les doutes se concentrent sur une quinzaine d’entre eux. Comme celui du prodige brésilien Ronaldinho (du Gremio au PSG, puis du PSG à Barcelone), via une filiale de Canal + (maison mère du PSG) aux Pays-Bas. D’où ce cri du cœur d’un responsable de la chaîne cryptée : « C’est la seule bonne affaire du PSG ! » Trois anciens dirigeants du club (Laurent Perpère, Pierre Lescure et Charles Biétry) sont témoins assistés dans l’affaire.

La Fédération française de football, aveugle et sourde à toutes les dérives, osera-t-elle se proclamer victime ?

© libération

Publié avec l’aimable autorisation du journal Libération.

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Pour plus de précisions veuillez vous reporter aux rubriques suivantes :

1) l’interview de Denis Robert : le football est devenu une formidable machine à blanchir de l’argent ;

2) L’ouvrage de Denis Robert : « le milieu de terrain ».

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