Afrique du Sud : le président de l’ANC Jacob Zuma inculpé de corruption

Vendredi 28 décembre 2007

28/12/2007 19:07

JOHANNESBURG (AFP) - Afrique du Sud : le président de l’ANC Jacob Zuma inculpé de corruption

Jacob Zuma, nouveau leader du parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), a été inculpé vendredi pour corruption, ce qui pourrait mettre un terme à ses ambitions présidentielles.

"Aujourd’hui, le 28 décembre 2007, la direction des opérations spéciales (DSO ou Scorpions, unité des services du procureur) a délivré à M. Zuma une citation à comparaître pour répondre de plusieurs charges de racket, blanchiment d’argent, corruption et fraude", a déclaré son avocat, Michael Hulley.

La citation a été remise à son domicile de Johannesburg en son absence et fixe la date de l’audience au 14 août 2008, a-t-il précisé dans un communiqué transmis à l’ANC.

Zuma, 65 ans, a été élu il y a dix jours à la tête de l’ANC, écartant sans conteste son rival, le chef de l’Etat Thabo Mbeki qui briguait un 3e mandat à la tête du parti.

Compte tenu du poids dans les urnes de l’ANC, qui a frôlé les deux tiers des suffrages aux dernières élections, il se trouve en pôle position pour décrocher la présidence de la République lors du scrutin de 2009.

Or, il a fait savoir qu’il se retirerait de l’ANC en cas de condamnation : « Si le juge dit +Zuma, vous êtes coupable+, je sortirai du tribunal en disant à l’ANC que je me retire ».

Vendredi, Zuma se trouvait dans sa province du KwaZulu-Natal, pour remettre des cadeaux de Noël à des enfants défavorisés. Interrogé, il a assuré ne pas être au courant de son inculpation. « C’est la première fois que j’entend une telle chose », a-t-il dit à la télévision publique SABC.

L’ANC ne s’exprimera sur le sujet qu’une fois qu’officiellement informé des poursuites, a pour sa part déclaré à l’AFP son porte-parole Smuts Ngonyama.

Zuma a toujours récusé toute malversation et a conservé l’affection d’une partie de la population en dépit des soupçons pesant contre lui, grâce à son attitude chaleureuse, aux antipodes de celle du rigide Mbeki.

Ses alliés politiques, les syndicalistes, les communistes et la Ligue de la Jeunesse de l’ANC, l’ont toujours dépeint en victime d’un complot politique.

« Nous croyons que les Scorpions ont mal agi avec un motif calculé visant à discréditer M. Zuma et à s’assurer qu’il ne joue pas un rôle de leader dans l’avenir », assure également son avocat dans son communiqué.

Les ennuis judiciaires de Zuma relève d’une affaire datant de 1999 et impliquant le groupe d’armement français Thales.

En 2005, il avait été limogé de la vice-présidence du pays après la condamnation à 15 ans de prison de son conseiller financier Schabir Shaik dans le cadre de cette affaire.

Zuma avait alors été inculpé une première fois pour corruption. Mais, en septembre 2006, il avait bénéficié d’un non-lieu faute de preuves.

Il est soupçonné d’avoir sollicité, via Shaik, des pots-de-vin d’un montant de 500.000 rands (aujourd’hui environ 50.000 euros) par an, auprès des filiales sud-africaines Thint et Thint Holding du groupe Thales (alors Thomson-CSF), pour empêcher que l’entreprise soit inquiétée dans une enquête sur un contrat d’armement controversé.

Selon un autre volet du dossier, il aurait en outre perçu près de 1,3 million de rands entre 1995 et 2001 de son conseiller financier, pour favoriser la signature de contrats publics avec les sociétés du holding Nkobi, contrôlé par Shaik.

Son avenir judiciaire s’était à nouveau terni le mois dernier, lorsque la justice avait rejeté son recours contre des documents récemment saisis, certains jusque dans l’île Maurice.

Deux jours après son élection à la tête de l’ANC, le procureur général sud-africain, Mokotedi Mpshe, avait assuré disposer de « suffisamment d’éléments pour le déférer en justice ».

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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