Cercle Concorde : du poker et beaucoup de mauvais coups

Lundi 31 décembre 2007

Cercle Concorde : du poker et beaucoup de mauvais coups

Par Ian Hamel (Journaliste) 21H20 30/12/2007

Extraits d’un article mis en ligne sur le site de Rue89.com :

De Genève) Que faut-il pour concocter un bon polar ? Des bandits corses, des cadavres, beaucoup d’argent, un banquier suisse. Et en prime un ancien gendarme. Il y a toute cela dans l’affaire du cercle Concorde, cette maison de jeux installée rue Cadet à Paris.

Depuis la fermeture de l’établissement fin novembre, une douzaine de personnes ont été mises en examen. Plusieurs sont incarcérées à Marseille. Parmi elles, Roland Cassone, 63 ans, souvent présenté comme l’un des parrains du milieu marseillais ; Paul Barril, 61 ans, ancien officier de gendarmerie reconverti dans la sécurité ; et François Rouge, principal actionnaire de la Banque de patrimoines privés (BPP) à Genève.

Que reprochent les juges Charles Duchaine et Serge Tournaire à la plupart d’entre eux ? Blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. Paul Barril, lui, se voit accuser d’« extorsion en bande organisée », d’« assassinat » et de « corruption ».

Une association à but non lucratif… mais un juteux bénéfice mensuel

Commençons par le début. Le Cercle Concorde est… une association à but non lucratif, qui œuvre pour « promouvoir l’idéal républicain » et « pour la réalisation des Etats-Unis d’Europe ». Toutefois, pour obtenir l’autorisation d’ouvrir un cercle de jeux, il faut subir une enquête très serrée des renseignements généraux. Et décrocher le feu vert du ministre de l’Intérieur.

C’est chose faite par arrêté le 19 juillet 2005, révèle le site Backchich.info, le premier à s’intéresser à l’affaire. Le Cercle Concorde ouvre en septembre 2006. 1 500 m2 sur quatre étages attendent les joueurs de poker. Bénéfice mensuel espéré : 200 à 250 000 euros par mois.

Deux établissements ouverts aux Bahamas

Dès son incarcération à la prison des Baumettes à Marseille, François Rouge a quitté la présidence de la BPP, « le temps d’assurer sa défense ». Claude Brechbühl, l’actuel président du conseil d’administration, a tenu à nous préciser que cette affaire « ne concerne pas la Banque de patrimoines privés, mais, cas échéant, Monsieur François Rouge à titre personnel ».

Depuis le 1er avril 1998, une loi contre le blanchiment d’argent en Suisse oblige les banques à signaler aux autorités les opérations suspectes et à bloquer immédiatement les fonds douteux.

Aussitôt, François Rouge a acquis deux établissements aux Bahamas pour y réceptionner les avoirs de certains clients en quête de discrétion. Dans cet archipel caribéen, trahir le secret bancaire est passible d’une peine de prison.

Il y a quelques années, François Rouge m’avait déclaré :

« Savez-vous que mon propre directeur général à Nassau ne me répond pas si je lui demande le nom d’un client ? »

Sur les bords du lac Léman, cette culture de la confidentialité s’enseigne dès le biberon.

Quand on sait qu’un banquier suisse n’écrit jamais le nom d’un de ses clients dans son agenda et ne prononce pas son nom au téléphone, on comprend mal que François Rouge ait pu prendre autant de risques dans cette affaire qui ne porte que sur quelques millions.

A titre de comparaison, la filiale de la BPP gère 130 millions d’euros de l’Etat angolais aux Bahamas.

Lire la suite de l’article sur le site de Rue89.com.

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