Sokalique : la veuve du patron-pêcheur refuse une transaction commerciale

Mercredi 23 janvier 2008

23/01/2008 09:56

[illustration : Yvette Jobard, veuve du patron pêcheur Bernard Jobard du Sokalique, parle à la presse le 30 août 2007 à Paris - © 2008 AFP - Jacques Demarthon]

BREST, 23 jan 2008 (AFP) - Sokalique : la veuve du patron-pêcheur refuse une transaction commerciale

Yvette Jobard, veuve du patron du Sokalique décédé en août dans le naufrage de son chalutier éperonné par un bateau turc qui avait pris la fuite, a refusé mardi une transaction financière proposée par l’armateur du navire en échange du retrait de sa plainte.

« Ils m’ont proposé la somme de 500.000 dollars si je retirais ma plainte », a indiqué mercredi à l’AFP Mme Jobard, confirmant une information publiée dans le quotidien Le Télégramme.

Le « marché » a été proposé par l’intermédiaire d’un représentant de l’armateur turc et de son avocat qui se sont rendus mardi à Plouescat (Finistère) au domicile de Mme Jobard accompagnés d’une traductrice.

Le Sokalique a coulé le 17 août au large de la pointe bretonne après une collision avec l’Ocean Jasper, cargo d’un armement turc immatriculé aux îles Kiribati, qui ne s’était pas arrêté pour recueillir les naufragés et n’avait pas prévenu les secours, selon l’enquête du parquet de Morlaix.

Le patron Bernard Jobard était mort noyé après la collision tandis que les six autres marins du chalutier avaient pu être sauvés.

"Les représentants de l’armateur nous ont dit que le procès n’aurait jamais lieu en France mais aux îles Kiribati ou en Azerbaïdjan« dont le capitaine de l’Ocean Jasper est ressortissant, a poursuivi Mme Jobard. »Une date au mois de mars est même avancée en Azerbaïdjan où les prévenus sont assignés en résidence, m’ont-ils dit« , a-t-elle ajouté. »Je ne lâcherai pas. Aujourd’hui, dans un an, dans dix ans, dans vingt ans je serai toujours là et je leur ai dit les yeux dans les yeux : si vous avez une tête de Turc, moi j’ai une tête de Bretonne« , a-t-elle poursuivi. »Je ne les laisserai pas faire. Mon mari est resté à la barre de son bateau et a sauvé son équipage. Accepter des choses comme un arrangement financier serait contraire à notre morale. On n’a pas été élevés comme ça, pour de l’argent. Je ne trahirai jamais mon mari", a ajouté Mme Jobard.

Lundi, le procureur de la République de Morlaix Laurent Fichot avait estimé que la justice était « paralysée » dans cette affaire, l’Etat des îles Kiribati, petit archipel du Pacifique, n’ayant pas confirmé par écrit sa décision de laisser la France tenir le procès.

Fin novembre, M. Sarkozy avait obtenu l’accord du président des Kiribati, Anote Tong, pour que l’équipage soit jugé en France et non dans le pays d’immatriculation du cargo comme le prévoit la convention des Nations-Unies sur le droit de la mer pour les accidents dans les eaux internationales.

L’Ocean Jasper, conduit à Brest après l’accident dans lequel il avait été endommagé, y est toujours immobilisé dans le cadre d’une décision du tribunal de commerce saisi notamment par l’assureur du Sokalique. Le capitaine et le second du navire, originaires d’Azerbaïdjan, ainsi qu’un matelot géorgien suspectés d’être à l’origine de la collision ont quitté discrètement le territoire français à la mi-septembre.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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