L’Allemagne secouée par un vaste scandale d’évasion fiscale

Vendredi 15 février 2008

Europe

L’Allemagne secouée par un vaste scandale d’évasion fiscale

REUTERS | 15.02.2008 | 12:45

FRANCFORT (Reuters) - Une enquête pour évasion fiscale à l’encontre du patron de la Deutsche Post pourrait bien s’étendre à des centaines d’autres responsables riches et influents d’Allemagne, les procureurs ayant mis la main sur les données détaillées d’une banque offshore au Liechtenstein, révèle vendredi le quotidien des affaires Handelsblatt.

Le scandale a conduit Klaus Zumwinkel, le président du directoire de la Deutsche Post, à remettre sa démission, annoncée par le porte-parole du ministère des Finances.

On ignore comment les magistrats se sont procuré les documents sur les comptes de la banque LGT, rapporte le journal, qui cite un enquêteur déclarant sous le sceau de l’anonymat : « Nous avons ouvert toute la banque. »

Bernd Junkers, porte-parole de la LGT, a déclaré sans autres commentaires que la banque contrôlée par la famille princière du Liechtenstein avait pris note du rapport.

« Des éclaircissements à propos de LGT Treuhand AG basé à Vaduz sont en cours », a-t-il dit, ajoutant que LGT Treuhand est une filiale indépendante du groupe LGT chargée de créer des fondations.

L’information du Handelsblatt intervient au lendemain d’une série de perquisitions de la police au domicile et dans les bureaux de Klaus Zumwinkel, l’un des grands noms du patronat outre-Rhin.

Le dirigeant, qui est âgé de 64 ans, est accusé d’avoir dissimulé au fisc environ un million d’euros en transférant cet argent dans des fondations au Liechtenstein, a déclaré un porte-parole du ministère public.

« UN DÉGÂT MORAL CONSIDÉRABLE »

Les procureurs ont également précisé jeudi que plusieurs autres personnes faisaient l’objet d’une enquête.

Le bureau du procureur de Bochum, qui dirige cette enquête, n’a pas voulu s’exprimer sur le sujet pour ne pas nuire aux investigations.

Zumwinkel a en revanche été vertement critiqué par le ministre des Finances Peer Steinbrück, qui a jugé que cette affaire nuisait considérablement aux fondements économiques et sociaux du pays.

"Le dégât moral est considérable, tout comme ce fut le cas avec sa manière de gérer ses stock options", a déclaré le ministre à un groupe de journalistes, peu avant l’annonce de la démission du patron de la Poste.

En décembre dernier, Zumwinkel avait fait scandale en revendant 200.000 titres pour 2,24 millions d’euros peu après la montée du cours de Bourse de la société à la suite d’un accord sur un salaire minimum, considéré comme un coup porté à ses concurrents avec le risque qu’ils licencient. Il avait évoqué ensuite une erreur regrettable.

« Si l’opinion publique a ceci comme modèle, elle commence à avoir des doutes sur ce système économique et social », a estimé Peer Steinbrück.

Une autre banque du Liechtenstein, LLB, a indiqué cette semaine avoir été la cible d’un chantage en 2003, un employé ayant menacé de publier le détail des comptes secrets de ses clients allemands.

LLB a précisé que l’employé avait été arrêté et condamné en 2004, et qu’il était toujours en prison, mais qu’un complice poursuivait son chantage. Une personne a été arrêtée en septembre et reste en détention provisoire en Allemagne, a ajouté la banque.

Michael Shields, version française Jean-Stéphane Brosse

© REUTERS

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence Reuters.

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