Fraude fiscale : l’Allemagne ébranle le secret bancaire du Liechtenstein

Samedi 16 février 2008

16/02/2008 18:46

BERLIN (AFP) - Fraude fiscale : l’Allemagne ébranle le secret bancaire du Liechtenstein

Les autorités allemandes ont confirmé samedi avoir réussi à contourner le secret bancaire du Liechtenstein en achetant à un informateur des données bancaires qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête sur une affaire de fraude fiscale de grande ampleur.

Cinq millions d’euros : c’est la somme versée par les services secrets allemands à un informateur pour obtenir des données bancaires du Liechtenstein, révélant des auteurs de fraude en Allemagne, selon une information révélée par le magazine Der Spiegel à paraître lundi, et partiellement confirmée par le gouvernement.

Le ministre des Finances, Peer Steinbrück « a été informé des conséquences budgétaires et a donné son accord » au versement de cette contrepartie, a affirmé samedi son ministère dans un communiqué, sans préciser le montant versé à l’informateur.

Le ministre « n’a pas eu connaissance de détails sur l’action prévue ni sur les comptes et les noms » et « a été informé du succès de l’enquête actuelle simplement la semaine dernière », ajoute le communiqué.

Un parfum de scandale historique flotte sur l’Allemagne depuis que la justice a annoncé vendredi enquêter contre des centaines de suspects de fraude fiscale vers le Liechtenstein, des « personnalités-clés » en Allemagne, selon le ministère des Finances.

Premier sur la liste des suspects, le patron de la Deutsche Post, Klaus Zumwinkel, a présenté vendredi sa démission au lendemain d’une spectaculaire perquisition à son domicile et à son bureau.

L’affaire Zumwinkel semble n’être que la partie émergée de l’iceberg, puisque plusieurs journaux allemands font état d’un millier de cas, totalisant plusieurs milliards d’euros de fraude tandis que 900 mandats de perquisition sont prêts à être exécutés dès ce week-end, en particulier à Cologne et Düsseldorf (ouest).

La banque liechtensteinoise LGT, propriété de la maison princière du Liechtenstein, a reconnu samedi que les données bancaires en possession des autorités allemandes proviennent d’une liste confidentielle appartenant à LGT et dérobée en 2002 par un employé, licencié et condamné depuis.

La banque, qui était donc au courant du vol, affirme en revanche n’avoir eu connaissance qu’à l’été 2007 « d’éléments laissant supposer que des données clients avaient été transmises à des tiers de manière illégale ».

« Nous allons prévenir tous nos clients qui sont sur cette liste », a déclaré à l’AFP Hans-Martin Uehlinger, porte-parole de LGT.

L’élite économique allemande était sous le feu des critiques samedi. L’ensemble de la classe politique et des personnalités de tous bords sont montées au créneau, pour dénoncer notamment l’impact de ce scandale en terme d’image.

Le président du puissant syndicat Verdi, Frank Bsirske, a dénoncé le fossé entre « la rhétorique et le comportement » des dirigeants, qui « prônent le renoncement alors qu’eux-mêmes se remplissent les poches ».

"Ce sont les élites qui font craquer le système" d’économie sociale de marché, a dénoncé de son côté le ministre des Finances Peer Steinbrück dans une interview à l’édition en ligne de l’hebdomadaire Die Zeit.

Son homologue de l’Economie Michael Glos a demandé aux dirigeants économiques de « développer une éthique » professionnelle et de « se purger » de leurs mauvaises habitudes, a-t-il dit au journal Bild am Sonntag à paraître dimanche.

"Si les soupçons sont confirmés, un tel comportement renforcera les extrêmes à gauche comme à droite", a déploré à la radio le chef du groupe parlementaire social-démocrate Peter Struck, dont le parti se sent trahi par M. Zumwinkel, proche du SPD.

La chancelière Angela Merkel avait dénoncé dès vendredi un scandale allant « au-delà de l’imagination ».

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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