L’opération anti-fraude allemande prend des proportions historiques

Samedi 16 février 2008

ECONOMIE : L’opération anti-fraude allemande prend des proportions historiques

Date de parution : Samedi 16 février 2008

Auteur : Christophe Bourdoiseau, Berlin

illustration : La banque LGT et le château de Vaduz. Paradis des fondations et des trusts, le Liechtenstein a fait beaucoup d´efforts pour améliorer sa réputation bancaire. Ce scandale peut la remettre en cause. Photo : Keystone

Extraits de l’article mis en ligne sur le site du journal Le temps :

EVASION FISCALE. Après la perquisition effectuée à son domicile, le patron de Deutsche Post, Klaus Zumwinkel, a démissionné vendredi, tandis que le gouvernement annonçait une véritable razzia sur des centaines de personnes.

Dans les prochains jours, le Parquet de Bochum va lancer des razzias à travers tout le pays sur des grosses fortunes et des personnalités de premier plan. Les enquêteurs affirment être en possession de documents en provenance du Liechtenstein qui leur permettraient de confondre des centaines de fraudeurs, pour une somme allant, selon la presse, jusqu’à 3,4 milliards d’euros.

La perquisition, jeudi, chez le patron de Deutsche Post a été le point de départ de ce scandale sans précédent. Soupçonné de fraude fiscale pour la somme de 1 million d’euros, Klaus Zumwinkel a été poussé vendredi à la démission par son principal actionnaire, l’Etat fédéral. Il a pu éviter la prison grâce à des aveux et au versement d’une caution. Angela Merkel et Peer Steinbrück, son ministre des Finances, n’ont pas hésité à saluer son départ. « Avec un tel exemple, je comprends que les gens puissent douter de notre société », s’est emporté vendredi Peer Steinbrück.

Le manque de morale des grands patrons allemands exaspère l’opinion publique, notamment après les affaires de corruption chez Siemens et chez Volkswagen ou encore les augmentations astronomiques des salaires de dirigeants.

Klaus Zumwinkel n’est pas le seul grand patron à avoir caché des revenus. Selon le porte-parole du Ministère des finances, Torsten Albig, la fraude fiscale est une vraie gangrène chez les plus riches. Il a confirmé l’ampleur du scandale en soulignant que les fraudeurs étaient surtout des « grosses fortunes », des « personnalités de premier plan ». Les suspects - de 120 à 150 selon les sources - font partie des « tranches d’imposition les plus élevées ».

En 2000, la même cellule d’enquête de Bochum, réputée intransigeante, avait déjà obtenu des informations cruciales sur des CD envoyés anonymement. La procureure Margrit Lichtinhagen avait alors permis au fisc de récupérer 70 millions d’euros et d’infliger 25 millions d’amendes. Cette fois, le Parquet a obtenu ses informations des services de renseignement du gouvernement (BND), selon la Süddeutsche Zeitung.

L’enquête vise principalement une banque, la LGT, qui appartient à la famille princière du Liechtenstein. Accusée de créer des fondations servant de paravent aux fraudeurs, elle n’a pas commenté les accusations d’incitation à la fraude fiscale. « Nous clarifions actuellement la situation », a déclaré un porte-parole. Le président de la Fédération des banques du Liechtenstein, Michael Lauber, compare cette situation « à l’éruption d’un volcan », sur le site internet du Handelsblatt, en reconnaissant qu’il y avait des abus avec ces « fondations » au Liechtenstein.

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