Fraude fiscale : le Liechtenstein dénonce « une attaque de l’Allemagne » contre sa souveraineté

Mardi 19 février 2008 — Dernier ajout samedi 3 juin 2017

19/02/2008 16:59

VADUZ (AFP) - Fraude fiscale : le Liechtenstein dénonce « une attaque de l’Allemagne » contre sa souveraineté

illustration : le prince héritier et chef d’Etat, Aloïs de Liechtenstein

Le Liechtenstein a accusé mardi l’Allemagne d’avoir violé sa souveraineté en achetant des données bancaires volées pour poursuivre les fraudeurs qui placent leur argent dans la principauté.

"Un Etat a-t-il le droit de se procurer des données en violation des lois de l’Etat ami et probablement aussi en violation de ses propres lois ?", s’est indigné le prince héritier et chef d’Etat, Aloïs de Liechtenstein, lors d’une conférence de presse à Vaduz.

La colère de la famille princière a éclaté après que le gouvernement allemand eut confirmé lundi que ses services secrets (le BND) avaient versé entre 4 et 5 millions d’euros à un informateur pour s’approprier des données volées dans une banque de la principauté.

Le prince a dénoncé « l’énergie criminelle des enquêteurs du fisc allemand ». « Nous allons étudier les prochaines procédures à suivre pour protéger nos citoyens et aussi les investisseurs, qui nous font confiance, contre de telles méthodes d’enquête », a-t-il annoncé.

« Nous sommes un petit pays et souhaitons de bonnes relations avec nos voisins (…) mais nous sommes aussi un Etat souverain », a-t-il martelé, rappelant que « nous vivons à une époque où ce n’est pas le droit du plus fort qui prévaut, mais le droit des peuples et les accords internationaux ».

« Avec son attaque contre le Liechtenstein, l’Allemagne ne règlera pas ses problèmes avec ses contribuables », a poursuivi le prince, en assénant : « le système fiscal allemand est le plus mauvais au monde ».

Le scandale a entaché l’image du Liechtenstein, paradis fiscal qui tire environ 30% de son Produit intérieur brut (PIB) du secteur financier, avec des Allemands parmi ses principaux clients.

« Visiblement, le gouvernement allemand n’a toujours pas compris comment on se comporte avec un Etat ami, » a regretté Aloïs de Liechtenstein.

Le prince n’a pas exclu que la révélation de cette affaire quelques jours avant la visite mercredi à Berlin du chef du gouvernement du Liechtenstein, Otmar Hasler, ait été un moyen de faire pression sur son pays.

La chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré à des journalistes lundi attendre une plus grande transparence fiscale en Europe, en particulier au Liechtenstein.

La principauté a annoncé le jour même avoir ratifié jeudi dernier la Convention de l’ONU contre le crime organisé, « un nouvel instrument important » contre le blanchiment d’argent et la corruption.

Cette ratification, relève un communiqué du ministère des Affaires étrangères, complète les mesures déjà prises pour éviter que de l’argent acquis illégalement à l’étranger y soit placé.

« Ce qui est sûr, c’est que le Liechtenstein n’apporte pas son aide à la fraude fiscale, ni à la dissimulation de la criminalité. Il y a des lois claires qui l’interdisent », a assuré dans une autre interview le dirigeant de la Fédération liechtensteinoise des banques, Michael Lauber.

La banque princière LGT, premier groupe bancaire du pays, a affirmé samedi que des documents achetés par les autorités allemandes à un informateur avaient été subtilisés en 2002.

Le coupable avait été rapidement arrêté et avait rendu la disquette volée, mais en avait apparemment conservé une copie, a expliqué le ministre de la Justice du Liechtenstein, Klaus Tschütscher, lors de la conférence de presse du prince.

Ces données ont permis à la justice allemande de lancer une enquête record contre un millier de riches contribuables soupçonnés d’avoir caché des fonds au Liechtenstein pour échapper au fisc.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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