Protestation du Gabon après un reportage sur le patrimoine de Bongo

Mercredi 5 mars 2008

05/03/2008 20:40

LIBREVILLE (AFP) - Protestation du Gabon après un reportage sur le patrimoine de Bongo

Le Gabon a protesté mercredi contre un reportage de la télévision française publique France 2 sur les biens immobiliers du président Omar Bongo Ondimba en France et « réfléchit à la suite à donner aux relations franco-gabonaises ».

Le gouvernement gabonais a « convoqué » l’ambassadeur de France pour lui exprimer son « étonnement sur la diffusion » d’un reportage concernant « les biens immobiliers en France » du président Bongo, a indiqué le ministère gabonais des Affaires étrangères dans un communiqué.

« Dans ce contexte », le Gabon « se réserve désormais le droit de réagir contre cet acharnement médiatique (…) conformément aux principes de réciprocité et réfléchit actuellement à la suite à donner aux relations franco-gabonaises », a souligné le ministère dans ce communiqué reçu mercredi à l’AFP.

Le ministère a aussi « exprimé son étonnement sur la diffusion par l’audiovisuel d’Etat d’un dossier qui a fait l’objet d’un non-lieu de la justice française pour +infraction insuffisamment caractérisée+ ».

Il estime que cette diffusion, s’est faite « au mépris » des « intérêts mutuels, de l’excellence des relations qui lient » la France et le Gabon, alors que « le Gabon est toujours demeuré un allié sûr pour la France ».

Le ministère relève également que « la vive et hostile campagne de presse » sur les biens de M. Bongo s’est « intensifiée à l’ensemble des medias publics français ».

France 2 a diffusé lundi soir un reportage sur l’important patrimoine immobilier que détient le président Bongo en France. Selon des procès-verbaux publiés en janvier par le quotidien français Le Monde, M. Bongo disposerait de trente-trois appartements ou maisons dont un hôtel particulier de 18 millions d’euros à Paris, acheté en juin 2007 par une société civile immobilière associant deux enfants du président gabonais.

La protestation intervient dans un contexte qui s’est tendu ces derniers jours après la reconduite aux frontières par la France de deux étudiants gabonais et une protestation « indignée » du Gabon qui a menacé « d’appliquer la réciprocité » à l’égard des Français en situation irrégulière au Gabon.

Le ministre de l’Intérieur a même précisé à l’AFP que cela pouvait concerner « beaucoup de Français » présent au Gabon, estimant que « 5 à 10% » des quelque 10.000 Français qui y sont installés n’étaient pas en règle.

Le Gabon et la France ont entretenu jusqu’à présent des relations privilégiées et M. Bongo, au pouvoir depuis 40 ans, est des piliers de la Françafrique.

Désormais doyen des chefs d’Etat du monde, M. Bongo, qui a connu tous les présidents de la Ve République française, est l’un des derniers symboles des relations particulières qui ont longtemps uni Paris et ses ex-colonies.

Il a été un des principaux relais du système « françafricain » où s’entremêlaient raison d’Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes, permettant à la France de maintenir son influence sur le continent.

La France possède une base militaire à Libreville et M. Sarkozy était venu au Gabon en juillet, lors de son premier voyage en Afrique subsaharienne en tant que président français.

La base militaire de Libreville avait accueilli récemment tous les étrangers évacués de N’Djamena par la France après l’attaque rebelle de début février sur la capitale tchadienne.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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