Les six mois à venir décisifs pour lutter contre les paradis fiscaux

Vendredi 17 octobre 2008 — Dernier ajout samedi 18 octobre 2008

Les six mois à venir décisifs pour lutter contre les paradis fiscaux

PARIS - Les « six mois à venir seront décisifs » pour lutter contre les paradis fiscaux, « zones de non-droit » qu’il faut réguler pour reconstruire le système financier international, a affirmé jeudi à Paris un collectif d’ONG, dont Transparence International, lors d’une conférence de presse.

Le collectif demande d’« exclure du dispositif de soutien étatique les banques dont le siège est dans un paradis fiscal » et d’« interdire la distribution en Europe des produits des +hedge funds+ (fonds spéculatifs) non régulés ». Les deux tiers des « hedge funds » ont leurs sièges dans des paradis fiscaux.

« Les épargnants français seraient surpris de savoir qu’une partie, certes petite, de leur épargne est investie dans ces produits toxiques que fabriquent les +hedge funds+ et qui sont distribués par les grandes banques françaises dans leurs sicavs et OPCVM », a souligné Daniel Lebègue, président de Transparence International France, ONG de lutte contre la corruption.

Le collectif baptisé "plate-forme paradis fiscaux et judiciaires« rassemble 13 organisations, dont les sections françaises d’Oxfam, Transparence International, Attac, le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) et le Secours Catholique. »Les six mois qui viennent seront absolument décisifs« , a estimé M. Lebègue, faisant référence notamment à une réunion le 21 octobre à Paris d’une vingtaine de pays de l’OCDE à l’initiative de la France et de l’Allemagne, et à l’élection présidentielle américaine du 4 novembre. »Avec Barack Obama, on va faire avancer ce projet-là« , a déclaré M. Lebègue, rappelant que le sénateur de l’Illinois, aujourd’hui candidat démocrate à la Maison Blanche, avait initié en 2007 un projet de loi contre les paradis fiscaux intitulé »Stop Tax Havens Abuse Act".

Une cinquantaine de centre offshore abritent plus de 400 banques, les deux tiers des 2.000 hedge funds (fonds spéculatifs), deux millions de sociétés écran et gèrent de l’ordre de 10.000 milliards de dollars d’actifs financiers", selon Transparence International, soit quatre fois le PIB de la France.

Le collectif souhaite aussi « la création d’un organe intergouvernemental de l’Onu chargé de la lutte contre la corruption » dans les pays du Sud, pendant du groupe de travail anticorruption de l’OCDE pour les pays riches.

Il suggère que la directive européenne sur l’épargne, qui prévoit la taxation des produits financiers, soit « étendue aux personnes morales et à tout entité juridique ». Elle ne concerne actuellement que les personnes physiques.

La plate-forme demande aussi que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) réévalue sa liste noire des paradis fiscaux, sur laquelle ne figurent plus que Monaco, le Liechtenstein et Andorre.

« Avec la crise financière, il y a une prise de conscience du risque systémique que fait peser la finance souterraine, clandestine sur l’économie mondiale », a déclaré M. Lebègue. "On ne peut reconstruire le système financier international en laissant de côté des zones de non-droit, de non-transparence, de non-coopération".

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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